Tailleur de pierre manuel.

Identification

Nom propre de l'élément
Tailleur de pierre manuel.
Autres dénominations
Pedrer/pedrera, pedraire, lapiscida, maresser, cantoner (catalan).
Type d'élément
Extraction de pierre
Groupe et/ou communauté
Les tailleurs de pierre manuels prévalaient sur les agriculteurs dans les communes de Sant Francesc (Es Pil·larí), ses Cadenes et s’Arenal. Au début du XXe siècle, Coll d’en Rabassa était également considéré comme un village de tailleurs de pierre.
Langue d'expression / variant dialectale
Catalan/ majorquin
Code
IPCIM-1-001
Brève description
Le travail de tailleur de pierre consiste à fendre et extraire le “marès” (grès) des carrières. Le “marès”, d’un point de vue étymologique, signifie « de la mer ou marin». La formation du “marès” remonte au Tertiaire du Vindobonien (miocène) et au Quaternaire. Cette formation géologique est strictement marine. Il en existe deux sortes: le dénommé “marès” ancien, qui est formé de matériaux sédimentaires d'organismes marins : mollusques, dents de squales, fragments de palourdes, algues, etc., et liés par du carbonate de calcium; et un autre, plus moderne et répandu sur la côte, qui est constitué d'une molasse quaternaire de formation marine à grain plus grossier, provenant de l'influence marine (formation de plages ou de dunes).
Le “marès” du Pla de Sant Jordi est de couleur variable, soit blanchâtre soit dans des tons rappelant le raisin sec. En règle générale, il peut être à grain fin ou à grain grossier. Il arrive parfois que certains fossiles soient visibles à la surface.
Les carrières de “marès” se trouvent à proximité de la mer ou à l'intérieur des terres, ces dernières étant des carrières à ciel ouvert, soit en pente et en plaine, soit souterraines. Miquel Fullana décrit le “marès”, de la manière suivante dans son dictionnaire : «pierre de bonne facture, abondante aux Baléares, qui est extraite de dépôts de sables marins consolidés du Quaternaire, et utilisée dans la construction de bâtiments».
Il convient d’indiquer que le “marès” est utilisé dans le secteur de la construction, et ne se limite pas seulement à l'architecture traditionnelle, mais également à des chantiers civils et religieux de grande envergure, comme par exemple la cathédrale de Palma, La Lonja, etc.

Emplacement

Emplacement
Mallorca, Palma, Pla de Sant Jordi
Description de l'emplacement / espace
Le Pla de Sant Jordi possède des carrières de “marès”, tant à l’intérieur des terres ─ la hacienda de Son Sunyer ou les carrières de Son Gual─ que le long de la côte ─de Coll d’en Rabassa jusqu’à Cala Blava (commune de Llucmajor) ─, dessinant un paysage caractéristique portant la trace des anciennes exploitations, des restes de quais artificiels, etc.
Géoréférencement

Datation

Date de réalisation
Tout au long de l'année
Périodicité
Continue
Description de la date de réalisation / périodicité
Le Pla de Sant Jordi possède des carrières de “marès”, tant à l’intérieur des terres ─ la hacienda de Son Sunyer ou les carrières de Son Gual─ que le long de la côte ─de Coll d’en Rabassa jusqu’à Cala Blava (commune de Llucmajor) ─, dessinant un paysage caractéristique portant la trace des anciennes exploitations, des restes de quais artificiels, etc.

Description

Description générale
La première étape consistait à trouver un endroit où établir la carrière de pierre. En général, ils recherchaient des “marès” de qualité, dont la veine naturelle était formée par le “marès de llivanya” (lauze). Le tailleur de pierre vidait la carrière “en rost”, en pente, de manière échelonnée, ou il le faisait “en pica”, en commençant à faire un grand puits, s'il exploitait une carrière en plaine. Le tailleur de pierre suivait les fentes et essayait d'éviter les couches d'argile. Parfois, après avoir enlevé une couche d'argile, il tombait sur un segment fort appelé “blau” (de par sa couleur). Les tailleurs de pierre affirmaient que si une section meuble se trouvait sous une couche dure, c’était signe que la carrière était de mauvaise qualité.
Dans certaines carrières, on pouvait trouver jusqu'à trois sortes de “marès”. Il y a d’abord un rocher de surface (pierre morte d'une dureté argileuse), suivi d’une couche de  “blau” et pour finir de l’argile. Selon des sources orales, à Son Sunyer, il y avait de nombreuses portions allant jusqu'à vingt mètres avec trois types de “marès”. Par ailleurs, il est fréquent d’entendre dire qu’un sol noir dégageant une odeur de gaz, est synonyme de "marès" d’excellente en qualité en sous-sol.
Après avoir déterminé le bon endroit pour extraire la pierre, le tailleur de pierre louait l’endroit au propriétaire du terrain. Selon Rosselló Verger, lorsque le terrain était loué, le droit d'exploiter les quatre côtés du terrain délimité était accordé. Dans les années 1940, un tailleur de pierre gagnait environ 45 pesetas par semaine et le coût de location d'une carrière se situait entre 10 et 15 pesetas par semaine, soit environ 40 à 60 pesetas par mois. De plus, il fallait obtenir un permis des Mines, ce qui impliquait de verser une contribution pour l'exploitation, indépendamment du fait que le terrain appartienne au tailleur de pierre ou qu’il soit loué. Ensuite, le tailleur de pierre dégageait la future carrière. A l'aide d'une houe et d’une pelle, il enlevait les arbustes, les mauvaises herbes… il coupait aussi les pins et enlevait les pierres. Si les pierres étaient de grande taille, il les déplaçait à l'aide d’un levier ou les pulvérisait avec une massue. Parfois, il les perçait avec une vrille et introduisait une demi-cartouche ou une cartouche entière de dynamite et les faisait éclater.
Le tailleur de pierre cherchait le “bessó” (le meilleur endroit pour extraire la pierre), en suivant le fil, c’est à dire, la direction des plans de sédimentation. Pour effectuer ce travail, le tailleur de pierre utilisait la “escoda” (masse), pour enlever les “pells”, qui sont les premières couches de “marès”. Il piquait en suivant la pente des fissures. Le nom d’escoda varie selon les régions : “escoda murera”, “escora alcudienca” … Au Pla de Sant Jordi on utilisait l’“escoda llucmajorenca”, en forme de T.
Avec cet outil, le tailleur de pierre fendait le “marès” en creusant des galeries, assez épaisses, et avançait un pied devant l’autre. Creuser des galeries était le premier travail à apprendre pour maîtriser ce métier. Les galeries sont divisées en galeries longues ("llarguers"), qui consistent en une ligne droite, où le "marès est fracturé, et en galeries courtes (“capcers”), qui ont pour but de séparer les pièces. Ils faisaient ensuite les “tasconeres”, ce sont les galeries de dessous (la mouchette), assez épaisses, où étaient situées les deux “llaunes” (longues barres de fer plates), qui servaient à faire pression pour pouvoir extraire la pièce de “marès” entière. Elles étaient placées les unes sur les autres avec trois ou quatre cales en fer. Le tailleur de pierre frappait sur les cales, l’une après l’autre, à l’aide d’un maillet. Pour ce faire, il se mettait debout sur la pièce qu’il souhaitait extraire. Le tailleur de pierre écoutait et sentait les vibrations en frappant, si cela sonnait creux ou si cela «chantait»; en fonction de la vibration qu’il sentait dans les jambes, il savait où il devait frapper plus fort ou moins fort. De cette façon, le tailleur de pierre percevait, à l’aide du son, le défaut du “marès”. S’il «chantait» c’est qu’il était de bonne qualité, s’il sonnait creux, cela signifiait que l’intérieur était creux et qu’il se briserait facilement. Selon ce procédé, il frappait sans cesse point par point jusqu'à ce que le morceau casse. Pour extraire la pierre, il utilisait une tige ou un levier sous forme de longue barre de fer. Il arrangeait ensuite la pierre à l’aide du labrys (une sorte de double hache), pour lui donner une forme. 
Dans les années 1920, la scie à onglet ou la scie longue était déjà utilisée pour scier des pièces de “marès” et obtenir ainsi toutes les épaisseurs. Mais la scie à onglet n'a pas été supplantée par les scies mécaniques dans les années 1930. En effet, les deux outils coexistaient et étaient régulièrement utilisés.
Les outils des tailleurs de pierre étaient fréquemment affutés. Francisco Vich indique qu'en 1950, les forgerons réparaient environ trois cents outils de tailleur de pierre par jour. Ils changeaient les bandages de fer, c’est à dire les pointes ou les tranchants en fer qui étaient soudés aux extrémités pour leur donner plus de consistance et pour faire face à l’usure.
Pour prendre les mesures, ils utilisaient une règle, sous forme de barre en bois graduée avec des mesures, pour mesurer la pierre à l’aide d’un crayon. Habituellement, la pièce mesurait 40 x 80 cm, mais l'épaisseur était variable et pouvait être de 6, 10, 20, 25, 30 cm… Les morceaux avaient des noms différents en fonction de l’épaisseur “gruix de rei” (25 cm.), “gruix d’emperador” (30 cm) … Le “marès”, était compté et vendu par charretées (voir paragraphe dimensions du “marès”). 
Pour terminer, le tailleur de pierre soulevait la pièce à la main “a braó” (à la force du poignet) et la transportait en la faisant tourner sur elle-même, selon une technique qui utilise la force de torsion pour la déplacer (appelée “fer ballar el marès” /Faire danser le grès). Au cours de ce processus, si le “marès” était de mauvaise qualité, les bords de la pièce se détachaient.
Le tailleur de pierre transportait la pièce au moulin. Le moulin, en guise de monte-charge, était constitué d'un tronc de figuier épais et rond (relativement léger), avec six bâtons insérés, généralement d'olivier sauvage. Cet engin invention était placé sur des pièces superposées de “marès” (désigné sous le nom de “currunes”). Fullana, dans son dictionnaire, décrit cette invention comme «nom que les tailleurs de pierre ou briseurs de marès donnent au tour qu’ils utilisent pour monter les pièces ou les pierres en haut de la carrière; il s’agit d’un cylindre en bois, monté horizontalement sur deux supports, avec une roue à six rouages à une extrémité, semblable à celle d'un moulin à vent, avec lequel il fait des tours pour enrouler le cordage ou la corde à laquelle est suspendue la pièce à remonter». C'est-à-dire que le treuil tournait à l'aide de bâtons et la corde s’enroulait autour du tronc. Au bout de la corde, il y avait un crochet avec deux chaînes pour maintenir la pièce et la transporter jusqu’au chariot. La coutume voulait que les femmes fassent tourner le moulin et qu'elles chantent en même temps.
Dans les années 50, la mécanisation a entraîné l'utilisation de la scie à disque  et la fin progressive de l'exploitation manuelle des carrières [les derniers tailleurs de pierre manuels (qui travaillent " à la dure ") du Pla de Sant Jordi furent Francisco Vich et Martí Salvà, qui ont travaillé une dernière fois manuellement en raison d'une commande de pièces aux dimensions spécifiques]. Il faut signaler que le tailleur de pierre qui travaillait “ à la dure ” pouvait extraire une dizaine de pièces par jour. Alors que la mécanisation a permis d’obtenir une pièce toutes les 45 secondes.
La scie rotative permet de faire de longs tracés droits et les carrières sont donc plus larges et plus rectangulaires. L'exploitation se fait horizontalement plutôt que verticalement. La scie à disque rotule la pierre de carrière. Alimentée par l'électricité ou des moteurs à combustion, cet engin se déplace sur des rails avec des scies à disque. La vitesse de coupe augmente et facilite le travail. Les pièces taillées ont une taille standard de 80 x 40 x 40 cm. La machine trace une bande perpendiculaire et fait ensuite tourner l'axe d'une des scies qui coupe afin de séparer la pièce. Mais il faut dire que l'utilisation de la scie rotative a aussi l'inconvénient de ne pas pouvoir être utilisée dans des carrières de dureté inégale ou entrecroisées et, de ce fait, la quantité prévaut sur la qualité, car la mécanisation ne fait pas la distinction entre le bon et le mauvais “marès”; les machines sectionnent et extraient tout ce qu’elles trouvent, et le résultat dépend des caractéristiques de la strate exploitée à ce moment-là. Il n'est pas étonnant que parfois les pierres de taille découpées à la machine présentent des lignes de facture.
Cette surexploitation a entraîné, dans les années 50, la réapparition de l'exportation avec des expéditions vers Valencia et Séville, à laquelle s’est greffée l'euphorie de la construction due au tourisme. Dans les années 70, à partir de la crise du pétrole, il y a aussi eu une période de réhabilitation des constructions populaires qui ont nécessité du “marès”. Dans les carrières mécanisées, le tailleur soulève les pièces avec une fourche en forme de U. La scie à onglet ou la scie mécanique est encore utilisée pour couper la pièce en respectant les critères des différentes épaisseurs. 
La carrière était exploitée jusqu'au niveau de l'aquifère ou de l'eau phréatique. Certains tailleurs de pierre affirmaient avoir creusé jusqu'à 80 empans (environ 16 mètres) sans trouver d'eau, bien que dans la région d’Es Carnatge, l'eau apparaissait à 15-20 empans (4 mètres). Lorsqu'il devenait plus difficile de remonter les pièces à la surface, il s’avérait nécessaire d’abandonner la carrière. 
Les restes des découpes étaient utilisés pour produire des gravats ou des éclats de pierre (“picadís”), qui, avec le temps, a donné naissance à une autre industrie. Les gravats étaient nettoyés avec un “belitre” (cadre quadrangulaire avec des tiges parallèles formant une grille), et mélangés avec du ciment, du gravier ou du sable. Par la suite, les gravats étaient produits par une machine qui broyait tout.
Les vêtements du tailleur de pierre se composaient d'un pantalon et d'espadrilles. En été, le tailleur de pierre travaillait en pantalon court et sans chemise. Les femmes portaient des culottes sous leurs jupes pour éviter de se blesser avec les petits morceaux de "marès" qui éclataient sous les coups.
Le tailleur de pierre travaillait du lever au coucher du soleil et vivait souvent dans des baraques construites avec des morceaux de marès inégaux et mis au rebus, des poutres en bois et une toiture en “llivanya” (lézardée). Le tailleur de pierre vivait seul ou avec un compagnon, puisqu'il n'était pas coutume de loger la famille dans les baraques. Ils dormaient sur des lits en buis et le mobilier était composé d’une chaise, d’une table en “marès”, de marmites, d'une cruche pour recueillir l'eau et d'une lampe à huile ou au carbure, qu'ils utilisaient également pour éclairer leur travail au crépuscule ou à l'aube.
Il est habituel de trouver des arbres fruitiers à l'intérieur des carrières, tels que des figuiers, des orangers et des citronniers. Les tailleurs de pierre les ont certainement plantés pour s’alimenter pendant la journée. De plus, les tailleurs de pierre pêchaient sur la côte et chassaient à l'intérieur des terres : grives, lapins et hérissons.
Les tailleurs de pierre qui vivaient dans les baraques venaient de loin, mais ce n’était pas le cas de ceux qui vivaient au Pla de Sant Jordi, qui se rendaient à la carrière en vélo depuis leur domicile. Ils vivaient dans les villages du Coll d’En Rabassa, es Pil·larí (Sant Francesc), ses Cadenes ou s’Arenal.
Les enfants travaillaient également dans les carrières. Ils creusaient les galeries à l’aide d’une petite masse. C'était le premier travail qu'ils apprenaient. Ils avaient aussi pour habitude de ramasser les gravats avec une houe pour les mettre dans un cabas en sparte.

Anecdotes
Parfois, le déjeuner était divisé en sections à l'intérieur de la carrière, de sorte que le tailleur avançait avec un objectif, phase par phase, pour atteindre la nourriture. 
Un grand nombre de tailleurs de pierre qui revenaient de ses Cadenes en empruntant la Carretera Militar en passant par s’Aranjassa, sur le chemin de Sant Jordi, s'arrêtaient dans un café où ils jouaient leur salaire journalier aux cartes et perdaient le salaire de toute la semaine.

Dimensions du "marès"
Il est important de tenir compte des dimensions des pièces de “marès” et du nom qu'elles avaient en fonction de leur épaisseur, ainsi que du nombre de pièces qui composaient une charretée (quantité de pièces qui pouvait être chargée sur un chariot ; mais dans le cas du "marès", la charretée fait référence au nombre de pièces qui étaient chargées sur le traineau de troncs d'olivier sauvage qui était utilisé pour déplacer les pièces de la carrière vers le bateau. Lorsque le chariot était utilisé comme moyen de chargement habituel, il convient de préciser qu’il transportait l'équivalent de quatre charretées.
Miquel Ballester, grâce aux sources documentaires, récupère les anciennes mesures en empans (1 “pam de cana” équivaut à 19,55 cm), alors que la tradition orale nous indique déjà la largeur en centimètres, bien que la nomenclature pour chacune des pièces ait été conservée.
Le “teulader”, dont l’épaisseur était de ¾ de “quart de pam” (empan) (3,66 cm).
La “llivanya”, dont l’épaisseur était de 1 “quart de pam” (4,88 cm), 5 cm selon la tradition orale. Huit pièces constituaient une charretée.
La “mitja pedra”, dont l’épaisseur était de 1 “quart i mig” (7,33 cm), 7 cm selon la tradition orale. Huit pièces constituaient une charretée.
Le “tresperdós”, dont l’épaisseur était de ½ “pam” (9,77 cm), 10 cm selon la tradition orale. Six pièces constituaient une charretée.
L’“ordinari”, dont l’épaisseur était de 3 “quarts” (14,66 cm), 15 cm selon la tradition orale. Quatre pièces constituaient une charretée.
De “pam ou vint”, dont l’épaisseur était de  1 “pam” (19,55 cm), 20 cm selon la tradition orale. Trois pièces et demie constituaient une charretée.
De “rei”, dont l’épaisseur était de 5 “pams” (24,40 cm), 25 cm selon la tradition orale. Deux pièces et demie constituaient une charretée.
De “emperador”, dont l’épaisseur était de “pam i mig” (29,31 cm), 30 cm selon la tradition orale. Deux pièces et demie constituaient une charretée.
A Llucmajor, des pièces de 40 et 50 cm d'épaisseur étaient extraites. Elles étaient dénommées “llit ample”.
Histoire et transformations de l'élément
L'extraction de “marès” à Majorque remonte à la préhistoire, même si la façon dont il était utilisé n'a pas modifié l'aspect du terrain et n'a donc pas laissé de traces indiquant où se trouvaient les gisements. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, des exploitations romaines, qui ont laissé des traces reconnaissables.
Au XIVe siècle, les carrières étaient des biens communaux. La carrière de Son Verí (Llucmajor) est déjà documentée, grâce à un contrat de location, en 1347. On trouve également de nombreuses références à des carrières sur le littoral à partir du XVe siècle. Il semblerait que les organisations corporatives de 1405, qui incluaient le métier de maçon, comprenaient déjà le  métier de tailleur de pierre. En 1364, il est fait mention de l'organisation de ce corps de métier, lorsqu'il s’établit dans la chapelle des Quatre Martyrs Couronnés de l'église de Santa Eulalia de Palma (Severo, Severiano, Carpóforo et Victorino). Au début du XVIe siècle, avec les Germanies, les attaques turques et la peste, les tailleurs de pierre, poussés par un éventuel essor de la construction, et conjointement avec les maçons, demandèrent avec succès leur ancienne maison pour accueillir leurs saints patrons, parmi lesquels se trouvait la Virgen de la Leche. Au cours de ce siècle, la pauvreté de ce corps de métier se reflète, et les ordonnancements de l'époque ressemblent plus à un instrument fiscal qu'à une réglementation du travail et de l'organisation: des quotas sur les pierres vendues sont établis, le monopole sur la vente de la pierre pour les maîtres, les impositions aux étrangers pour pouvoir travailler à Majorque, etc. De l'année 1568, grâce à l'historien Font Obrador, nous connaissons les noms de certains responsables du corps de métier des tailleurs de pierre-maçons: Matías Nicolau, Bartolomé Tomàs Argenter et Jaume Noguera. Durant cette période, le centralisme de Palma s'accentue, ce qui entraîne un mouvement autonome de maçons à Llucmajor et Porreres en 1604. A s’Arenal de Llucmajor, il y avait une section autonome de tailleurs de pierre dont l’emblème était le labrys, un des outils qu'ils utilisaient. Cette ségrégation du corps de métier de Palma correspondait vraisemblablement à une forte demande de travail. En 1663, la ségrégation des maçons de Llucmajor s’est produite, et ils ont constitué leur propre corporation.  
Dans ces ordonnancements, les tailleurs de pierre établissent définitivement le culte de la Virgen de la Leche (qui sera nommée patronne de s'Arenal au XIXe siècle ─ importance de la tradition ─), bien que les Quatre Martyrs Couronnés continueront d'être leurs patrons. Les ordonnancements établissent également la liberté de travailler partout à Majorque, en facilitant le travail à d'autres tailleurs de pierre étrangers de Llucmajor; en contrôlant l'embauche, etc.  Le jour de l'assemblée annuelle est fixé au dimanche suivant la San Lorenzo (10 août). En 1722, les corporations de Palma se séparent définitivement.
Avec le temps, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le travail de la pierre s'est intensifié et a formé l'un des groupes les plus homogènes du mouvement ouvrier majorquin. L'amélioration de la route de s'Algar, qui reliait Llucmajor à s'Arenal, a facilité l'arrivée des habitants de cette municipalité.
En 1905, de nombreux tailleurs de pierre s’installent à Son Sunyer (le plus grand domaine de Palma) et commencent à exploiter des carrières que les spécialistes définissent comme étant de bonne qualité. En 1920, l'épuisement des carrières du Coll d’en Rabassa fait que de nombreux autres tailleurs de pierre s’installent sur les terres de Son Sunyer.
Peu de temps après, l'arrivée du chemin de fer, en 1916, a massivement contribué à l'essor de l'industrie. Un grand nombre de personnes de Llucmajor sont parties travailler au Pla de Sant Jordi. Les anciennes baraques de tailleurs de pierre de la fin du XIXe siècle ont été remplacées par des maisons. C'est ainsi que sont nés les villages de s’Arenal (Llucmajor), es Pil·larí (Sant Francesc) et ses Cadenes. Lors du recensement de 1930, il a été établi que la plupart des habitants du Pla de Sant Jordi étaient originaires de Llucmajor, Algaida et Marratxí.
Dans les années 1930, l'exploitation des carrières a été partiellement pré-mécanisée avec l'installation de scies mécaniques, qui coexistaient avec les tresseuses ou les scies longues.
Même si les tailleurs de pierre manuels se trouvaient dans le secteur, ils étaient considérés comme des ouvriers, d'où le lien étroit qui les unissait au mouvement ouvrier, à l'idéologie anticléricale, libertaire et communiste, et qui reflétait une société égalitaire en ce qui concerne les femmes, non seulement dans le monde du travail (elles travaillaient dans les carrières), mais aussi dans le rôle qu’elles avaient dans la société (les femmes se rendaient dans les cafés  pour consommer). Dans le cadre de ce caractère idéologique, il convient de signaler, par exemple, l'inexistence d'une église à ses Cadenes, un centre important de tailleurs de pierre. Ce point montre les différences avec l’agriculteur, qui était sous la tutelle d'un seigneur et lié à une société plus traditionnelle. Vers 1927, les tailleurs de pierre forment la coopérative Unión de Canteros pour se battre pour leurs intérêts et contre les abus continus des marchands. L’Unión fixait le prix du “marès” vis-à-vis des marchands et, de plus, aidait le travailleur en fonction de sa productivité; c'est-à-dire que si un tailleur de pierre produisait un nombre inférieur de pièces, il était rémunéré (égalité du travail, production, coûts et salaires). En 1931, la coopérative La "Renovación, Obreros y Canteros y Similares" est organisée. Elle a pour objectifs de réduire la journée de travail et de fournir une éducation et une moralité aux membres. 
Tous ces éléments nous montrent que les tailleurs de pierre, liés aux courants socialiste et communiste, et se situant à gauche et dans la lutte ouvrière, contrastaient avec le conservatisme et la tradition qui émanent de la campagne, même si les agriculteurs ont eux aussi créés des coopératives. Les tailleurs de pierre se sont également associés à la société Cultura Social qui a promu la culture auprès de leurs camarades.
La guerre civile (1936-1939) a fait du secteur une victime active de la répression franquiste, en particulier à ses Cadenes, ce qui a inévitablement affecté l'organisation ouvrière.
L'industrie de la taille de pierre s'est définitivement mécanisée vers 1955, avec l'aide du syndicalisme vertical, qui a paradoxalement récupéré certains statuts de 1935. Même s'il y avait une conscience corporative, il était courant pour le tailleur de pierre d'avoir un autre métier. Il y avait beaucoup d'ouvriers qui travaillaient comme tailleurs de pierre, mais aussi comme agriculteurs, forgerons... ou femmes au foyer. En effet, les femmes faisaient le même travail que les hommes dans les carrières et étaient même chargées de l'une des tâches les plus pénibles: le moulin, où elles déplaçaient la poulie pour remonter à la surface les morceaux de “marès”.
La mécanisation a été favorisée par le tourisme, et des groupes de tailleurs de pierre se sont réunis en sociétés pour acheter des machines pour couper le “marès” (scies rotatives) qui coûtaient environ 2.000 pesetas. D'autres les louaient ou allaient travailler comme journaliers dans ces carrières mécanisées. La tradition orale nous parle de forgerons tels que la famille Rigo, qui perfectionnaient ou fabriquaient leurs propres modèles de scies, équipées de disques à dents widia, qui étaient assez coûteux à remplacer. Il s'agit de l'atelier de Martín et Sebastià Rigo de s’Aranjassa, qui, comme l'atelier de Miquel Tous del Coll d’en Rabassa, se consacrait à la fabrication et à la réparation de ce type de machines.
Dans les années 50, avec Mestre Juan de sa Plaça comme président et Miquel Pruna comme comptable de la Coopérative des Tailleurs de pierre, il a été proposé d'abaisser le prix du “marès” pour faire face aux tailleurs de pierre qui utilisaient des machines et faire pression. Mais la mécanisation est imparable et entraîne une série de changements, tel que l’horaire de travail ou le bruit insupportable des machines. De plus, elle a établi le capitalisme dans le secteur de la taille de pierre, en opposition avec les coopératives d'antan. À tout cela, il faut ajouter l'introduction de nouveaux matériaux de construction, comme la brique.
Lors de l'identification des groupes socio-économiques du Pla de Sant Jordi, et  à partir de l'étude du recensement réalisée par Miquel Grimalt concernant les tailleurs de pierre, il convient de souligner qu'en 1930, les tailleurs de pierre représentaient 1,43 % de la population active totale, un pourcentage minimum par rapport aux agriculteurs qui étaient 89,17%. En 1950, les tailleurs de pierre étaient 5,43%, en 1960 5% puis sont redescendus à 1,69% en 1981. L'extraction de “marès” à Majorque remonte à la préhistoire, même si la façon dont il était utilisé n'a pas modifié l'aspect du terrain et n'a donc pas laissé de traces indiquant où se trouvaient les gisements. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, des exploitations romaines, qui ont des traces reconnaissables.
Au XIVe siècle, les carrières étaient des biens communaux. La carrière de Son Verí (Llucmajor) est déjà documentée, grâce à un contrat de location, en 1347. On trouve également de nombreuses références à des carrières sur le littoral à partir du XVe siècle. Il semblerait que les organisations corporatives de 1405, qui incluaient le métier de maçon, comprenaient déjà le  métier de tailleur de pierre. En 1364, il est fait mention de l'organisation de ce corps de métier, lorsqu'il s’établit dans la chapelle des Quatre Martyrs Couronnés de l'église de Santa Eulalia de Palma (Severo, Severiano, Carpóforo et Victorino). Au début du XVIe siècle, avec les Germanies, les attaques turques et la peste, les tailleurs de pierre, poussés par un éventuel essor de la construction, et conjointement avec les maçons, demandèrent avec succès leur ancienne maison pour accueillir leurs saints patrons, parmi lesquels se trouvait la Virgen de la Leche. Au cours de ce siècle, la pauvreté de ce corps de métier se reflète, et les ordonnancements de l'époque ressemblent plus à un instrument fiscal qu'à une réglementation du travail et de l'organisation: des quotas sur les pierres vendues sont établis, le monopole sur la vente de la pierre pour les maîtres, les impositions aux étrangers pour pouvoir travailler à Majorque, etc. De l'année 1568, grâce à l'historien Font Obrador, nous connaissons les noms de certains responsables du corps de métier des tailleurs de pierre-maçons: Matías Nicolau, Bartolomé Tomàs Argenter et Jaume Noguera. Durant cette période, le centralisme de Palma s'accentue, ce qui entraîne un mouvement autonome de maçons à Llucmajor et Porreres en 1604. A s’Arenal de Llucmajor, il y avait une section autonome de tailleurs de pierre dont l’emblème était le labrys, un des outils qu'ils utilisaient. Cette ségrégation du corps de métier de Palma correspondait vraisemblablement à une forte demande de travail. En 1663, la ségrégation des maçons de Llucmajor a eu lieu, et ils ont constitué leur propre corporation.  
Dans ces ordonnancements, les tailleurs de pierre établissent définitivement le culte de la Virgen de la Leche (qui sera nommée patronne de s'Arenal au XIXe siècle ─ importance de la tradition ─), bien que les Quatre Martyrs Couronnés continueront d'être leurs patrons. Les ordonnancements établissent également la liberté de travailler partout à Majorque, en facilitant le travail à d'autres tailleurs de pierre étrangers de Llucmajor; en contrôlant l'embauche, etc. Le jour de l'assemblée annuelle est fixé au dimanche suivant la San Lorenzo (10 août). En 1722, les corporations de Palma se séparent définitivement.
Avec le temps, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le travail de la pierre s'est intensifié et a formé l'un des groupes les plus homogènes du mouvement ouvrier majorquin. L'amélioration de la route de s'Algar, qui reliait Llucmajor à s'Arenal, a facilité l'arrivée des habitants de cette municipalité.
En 1905, de nombreux tailleurs de pierre s’installent à Son Sunyer (le plus grand domaine de Palma) et commencent à exploiter des carrières que les spécialistes définissent comme étant de bonne qualité. En 1920, l'épuisement des carrières du Coll d’en Rabassa fait que de nombreux autres tailleurs de pierre s’installent sur les terres de Son Sunyer.
Peu de temps après, l'arrivée du chemin de fer en 1916 a massivement contribué à l'essor de l'industrie. Un grand nombre de personnes de Llucmajor sont parties travailler au Pla de Sant Jordi. Les anciennes baraques de tailleurs de pierre de la fin du XIXe siècle ont été remplacées par des maisons. C'est ainsi que sont nés les villages de s’Arenal (Llucmajor), es Pil·larí (Sant Francesc) et ses Cadenes. Lors du recensement de 1930, il s’est avéré que la plupart des habitants du Pla de Sant Jordi étaient originaires de Llucmajor, Algaida et Marratxí.
Dans les années 1930, l'exploitation des carrières a été partiellement pré-mécanisée avec l'installation de scies mécaniques, qui coexistaient avec les tresseuses ou les scies longues.
Même si les tailleurs de pierre manuels se trouvaient dans le secteur, ils étaient considérés comme des ouvriers, d'où le lien étroit qui les unissait au mouvement ouvrier, à l'idéologie anticléricale, libertaire et communiste, et qui reflétait une société égalitaire en ce qui concerne les femmes, non seulement dans le monde du travail (elles travaillaient dans les carrières), mais aussi dans le rôle qu’elles jouaient dans la société (les femmes se rendaient dans les cafés  pour consommer). Dans le cadre de ce caractère idéologique, il convient de signaler, par exemple, l'inexistence d'une église à ses Cadenes, un centre important de tailleurs de pierre. Ce point montre les différences avec l’agriculteur, qui était sous la tutelle d'un seigneur et lié à une société plus traditionnelle. Vers 1927, les tailleurs de pierre forment la coopérative Unión de Canteros pour se battre pour leurs intérêts et contre les abus continus des marchands. L’Unión fixait le prix du “marès” vis-à-vis des marchands et, de plus, aidait le travailleur en fonction de sa productivité; c'est-à-dire que si un tailleur de pierre produisait un nombre inférieur de pièces, il était rémunéré (égalité du travail, production, coûts et salaires). En 1931, la coopérative "Renovación, Obreros y Canteros y Similares" est organisée. Elle a pour objectifs de réduire la journée de travail et de fournir une éducation et une moralité aux membres. 
Tous ces éléments nous montrent que les tailleurs de pierre, liés aux courants socialiste et communiste, et se situant à gauche et dans la lutte ouvrière, contrastaient avec le conservatisme et la tradition qui émanent de la campagne, même si les agriculteurs ont eux aussi créés des coopératives. Les tailleurs de pierre se sont également associés à la société Cultura Social qui a promu la culture auprès de leurs camarades.
La guerre civile (1936-1939) a fait du secteur une victime active de la répression franquiste, en particulier à ses Cadenes, ce qui a inévitablement affecté l'organisation ouvrière.
L'industrie de la taille de pierre s'est définitivement mécanisée vers 1955, avec l'aide du syndicalisme vertical, qui a paradoxalement récupéré certains statuts de 1935. Même s'il y avait une conscience corporative, il était courant pour le tailleur de pierre d'avoir un autre métier. Il y avait beaucoup d'ouvriers qui travaillaient comme tailleurs de pierre, mais aussi comme agriculteurs, forgerons... ou femmes au foyer. En effet, les femmes faisaient le même travail que les hommes dans les carrières et étaient même chargées de l'une des tâches les plus pénibles: le moulin, où elles déplaçaient la poulie pour remonter à la surface les morceaux de “marès”.
La mécanisation a été favorisée par le tourisme, et des groupes de tailleurs de pierre se sont réunis en sociétés pour acheter des machines pour couper le “marès” (scies rotatives) qui coûtaient environ 2.000 pesetas. D'autres les louaient ou allaient travailler comme journaliers dans ces carrières mécanisées. La tradition orale nous parle de forgerons tels que la famille Rigo, qui perfectionnaient ou fabriquaient leurs propres modèles de scies, équipées de disques à dents widia, qui étaient assez coûteux à remplacer. Il s'agit de l'atelier de Martín et Sebastià Rigo de s’Aranjassa, qui, comme l'atelier de Miquel Tous del Coll d’en Rabassa, se consacrait à la fabrication et à la réparation de ce type de machines.
Dans les années 50, avec Mestre Juan de sa Plaça comme président et Miquel Pruna comme comptable de la Coopérative des Tailleurs de pierre, il a été proposé d'abaisser le prix du “marès” face aux tailleurs de pierre qui utilisaient des machines comme mesure de pression. Mais la mécanisation est imparable et entraîne une série de changements, tel que l’horaire de travail ou le bruit insupportable des machines. De plus, elle a établi le capitalisme dans le secteur de la taille de pierre, en opposition avec les coopératives d'antan. À tout cela, il faut ajouter l'introduction de nouveaux matériaux de construction, comme la brique.
Lors de l'identification des groupes socio-économiques du Pla de Sant Jordi, et  à partir de l'étude du recensement réalisée par Miquel Grimalt concernant les tailleurs de pierre, il convient de souligner qu'en 1930, les tailleurs de pierre représentaient 1,43 % de la population active totale, un pourcentage minimum par rapport aux agriculteurs qui étaient 89,17%. En 1950, les tailleurs de pierre étaient 5,43%, 5% en 1960, puis ils sont redescendus à 1,69% en 1981, ce qui correspond au changement de modèle économique avec l’augmentation démesurée du secteur III (services-tourisme) qui représentait 56% de la population active totale, par rapport au 28% du secteur I, qui était de l’ordre de 67% de la population active en 1960 et de 92% de la population active du Pla de Sant Jordi en 1930.
Ces données doivent être étudiées avec prudence. En effet, de nombreux tailleurs de pierre étaient agriculteurs à temps partiel et, elles désignent peut-être simplement comme tailleurs de pierre ceux qui vivaient dans les agglomérations. De plus, Grimalt s'occupe spécifiquement du Pla de Sant Jordi, à l'exception de s’Arenal, et il le consulte par sections, ce qui contraste avec les environs, face à l’extension dominante des agriculteurs. Selon les experts, cela n'enlève rien à l'importance des tailleurs de pierre comme groupe. De plus, il faut garder à l'esprit que le secteur II comptait de nombreux maçons qui pourraient peut-être être inclus dans l'analyse.
L'évolution des secteurs socio-économiques marque, d'une certaine manière, les profonds changements que le Pla de Sant Jordi a connus au cours des en termes de relations humaines et professionnelles. dernières décennies
Matière première
Pierre, Marès
Processus et préparatifs
1. Trouver le bon terrain pour établir la carrière. Accord avec le propriétaire et paiement d'une redevance hebdomadaire ou mensuelle.
2. Enlever les arbres, les herbes et les pierres.
3. Enlever les “pells” (premières couches de “marès”) avec la masse.
4. Creuser des galeries longues (“llarguers”) et des galeries courtes (“capcers”) sur le “marès” avec la masse.
5. Placer des “llaunes” et des cales, et frapper jusqu'à fendre la pièce.
6. Extraire le morceau à l’aide d’une barre ou à la force du poignet.
7. Prendre des mesures avec une règle.
8. Arranger ou façonner le morceau avec un labrys.
9. Déplacer ou "faire danser" le morceau jusqu’au moulin.
10. Soulever le morceau avec le moulin jusqu'à la surface et le charger sur la charrette.
Objectif de l'activité / procès / technique
Blocs de marès
Distribution / consommation
Les morceaux de “marès” qui étaient extraits de la carrière étaient transportés par des charretiers, principalement du Coll d’en Rebassa, es Pil·larí, ses Cadenes et s’Arenal. Ils les livraient aux marchands qui avaient commandé les pièces et qui étaient chargés de les vendre ; ou bien elles étaient déposées à la gare de s’Arenal, où elles étaient chargées dans le train pour être transportées à leur destination. Un des marchands, Magí Meco, installa à ses Cadenes un chargeur de “marès” relié au chemin de fer pour faciliter le transport jusqu’à Palma. 
Miquel Ballester explique qu'avant cette révolution des transports, il était courant d'utiliser le "marès" des carrières les plus proches. En effet, il était difficile de transporter le “marès” sur de longs trajets, soit à cause du mauvais état des routes, soit à cause des caractéristiques rudimentaires des chariots. Cela a changé avec l'introduction du chariot à roues à rayons (début du XIXe siècle), qui a considérablement amélioré le transport des pièces. Il est vrai que jusqu'alors, il était fréquent d'utiliser des bateaux et des "faluchos" (embarcations) pour le transport. C’est pourquoi on trouve des ruines de quais très près des carrières du littoral (par exemple, es Carnatge). Les morceaux de “marès” étaient descendus jusqu’à la mer à l’aide de bars que l'on déplaçait sur des “devalladors” (couloirs de “marès” avec gouttière) ou en utilisant une sorte de traîneau fait de troncs d'olivier sauvage, tiré par un âne le long de chemins de dalles de “marès” (de là que provient le nombre de pièces qui composent une charretée et qui varie en fonction de l’épaisseur des pièces). Les pièces pouvaient également être chargées sur des allèges, qui naviguaient jusqu'à Palm. L'archiduc, Luis Salvador, parle de l'utilisation de felouques pour transporter ces pièces, qui étaient déchargées au pied de la muraille de Palma, puis distribuées sur les différents chantiers.
Le "marès" était utilisé pour la construction : maisons, moulins, entrepôts... et aussi, dans le passé, pour des travaux civils et religieux, tant publics que privés (par exemple, la cathédrale). À la fin du XIXe siècle, les constructeurs de Palma, selon l'archiduc Luis Salvador, utilisaient le “marès” du Coll d’en Rabassa. Les morceaux de "marès" extraits de la carrière étaient transportés par des charretiers, principalement du Coll d’en Rebassa, es Pil·larí, ses Cadenes et s’Arenal. Ils les livraient aux marchands qui avaient commandé les pièces et qui s’occupaient de les vendre ; ou bien elles étaient déposées à la gare de s’Arenal, où elles étaient chargées dans le train pour être transportées à leur destination. Un des marchands, Magí Meco, installa à ses Cadenes un chargeur de “marès” relié au chemin de fer pour faciliter le transport jusqu’à Palma. 
Miquel Ballester explique qu'avant cette révolution des transports, il était courant d'utiliser le "marès" des carrières les plus proches. En effet, il était difficile de transporter le “marès” sur de longs trajets, soit à cause du mauvais état des routes, soit à cause des caractéristiques rudimentaires des chariots. Cela a changé avec l'introduction du chariot à roues à rayons (début du XIXe siècle), qui a considérablement amélioré le transport des pièces. Il est vrai que jusqu'alors, il était fréquent d'utiliser des bateaux et des "faluchos" (embarcations) pour le transport. C’est pourquoi on trouve des ruines de quais très près des carrières du littoral (par exemple, es Carnatge). Les morceaux de “marès” étaient descendus jusqu’à la mer à l’aide de bars que l'on déplaçait sur des “devalladors” (couloirs de “marès” avec gouttière) ou en utilisant une sorte de traîneau fait de troncs d'olivier sauvage, tiré par un âne le long de chemins de dalles de “marès” (c’est de là que provient le nombre de pièces qui composent une charretée et qui varie en fonction de l’épaisseur des pièces). Les pièces pouvaient également être chargées sur des allèges, qui naviguaient jusqu'à Palm. L'archiduc Luis Salvador parle de l'utilisation de felouques pour transporter ces pièces, qui étaient déchargées au pied de la muraille de Palma, puis distribuées sur les différents chantiers.
Le "marès" était utilisé pour la construction : maisons, moulins, entrepôts... et aussi, dans le passé, pour des travaux civils et religieux, tant publics que privés (par exemple, la cathédrale). À la fin du XIXe siècle, les constructeurs de Palma, selon l'archiduc Luis Salvador, utilisaient le “marès” du Coll d’en Rabassa qui, même s'il avait une structure irrégulière, était très résistant. Cet auteur nous dit également que les constructions réalisées en “marès” étaient recouvertes d'une couche de mortier pour les protéger de l'air de la mer et de l’humidité. Ce procédé était dénommé "embetunar" (cirer). 
Au Pla de Sant Jordi, le “marès” était le matériau de construction le plus courant, caractérisé par sa légèreté et sa résistance. Dans le passé, ils construisaient avec des blocs irréguliers mal découpés, et les pierres de taille ou les pièces régulières étaient utilisées dans les coins, les fenêtres et les portes. Au milieu du XXe siècle, les pièces régulières étaient utilisées dans les constructions les plus modestes. Selon l’épaisseur du morceau de “marès”, il était destiné à des types de constructions différentes. Le “gruix d’emperador” était utilisé pour les pilastres et les éléments de structure, tels que les murs porteurs, de même que le “gruix de rei”. En revanche, les “gruix de pam ou ordinari” étaient utilisés pour construire des murs, et le “gruix de tresperdós” pour construire des cloisons épaisses. La “mitja pedra” et la “llivanya” étaient utilisées pour les voûtes et les solins.
García Inyesta parle des imperfections du “marès” commun: faible porosité, cristallisation et stratification, autant de caractéristiques qui présentent des avantages et des inconvénients lors de son utilisation. Dans les ouvrages de grande envergure, comme la Cathédrale ou La Lonja, il y avait le “picador”, personne chargée de travailler le morceau à utiliser pour la construction, et dont le travail consistait à le transformer pour que tous les côtés de la pièce soient en parfait état, en utilisant la “picoleta”, le burin, le ciseau, le marteau...
Les graviers ou éclats de pierre (“picadís”), est un produit dérivé du “marès”. Il est normalement utilisé, mélangé, pour enduire ou tapisser les murs, les façades, ou pour mettre sous le carrelage à sec, etc. Les tailleurs de pierre fabriquaient également des auges avec du “marès” pour abreuver les animaux.
Métier / connaissances techniques
Le tailleur de pierre suivait les coupes pour trouver un bon “marès”. Par exemple, une surface noire qui dégageait une odeur de gaz, signifiait qu’un "marès" de meilleure qualité se trouvait en dessous.
Outils, infrastructures et objets employés et/ou accessoires
Houe: outil à lame triangulaire utilisé pour faire des trous ou déplacer la terre. Le tailleur de pierre l'utilisait généralement pour nettoyer la carrière et ramasser les graviers.
Cabas: panier en palmier ou en sparte, plus large sur la partie supérieure qui servait à contenir et à transporter. Il était utilisé au cours du processus de nettoyage de la carrière et pour ramasser les graviers.
Levier: barre en fer ou en bois utilisée en guise de levier, pour déplacer des pierres volumineuses.
Masse: outil semblable à un gros marteau, avec une pointe sur chacune des têtes du fer, qui servait à fendre la pierre et à creuser les galeries. La forme de l'outil permettait d'avancer dans le sillon, sans faire levier et il n’y avait donc pas de risque à endommager le morceau de pierre. La façon dont il était utilisé obligeait le tailleur de pierre à s’écarter de la verticale dans les coupes, ce qui explique les murs inclinés des carrières artisanales.
“Llauna”: fine feuille de métal ou d’un autre matériau. Ils en utilisaient deux, qu’ils introduisaient dans la galerie “tasconera”, et les cales étaient encastrées entre les deux.
Cales: objets en métal, à la forme triangulaire, utilisés pour ouvrir des corps solides ou pour maintenir un espace étroit entre deux corps. Ils étaient placés entre les deux “llaunes” et on les frappait avec une massue de façon continue afin d'extraire le morceau de “marès”. 
Massue: gros marteau, avec un long manche, qui servait à frapper les cales. Le tailleur de pierre se tenait debout sur la pièce qu’il souhaitait extraire. Grâce aux coups qu’il donnait, il pouvait déterminer la qualité du “marès”. Elle "chantait" si elle était de bonne qualité et sonnait creux si sa qualité était médiocre.
Labrys: large feuille en métal semblable à une hache à double lame avec une coupe qui servait à arranger la pièce de “marès”, c'est-à-dire à lui donner une forme en régularisant les surfaces, afin de confectionner la pierre selon les dimensions requises.
“Manuella” (pique): barre en fer avec un bord tranchant à une ou deux extrémités, qui était utilisée pour creuser dans la pierre pour faire des trous. Elle était également utilisée comme point d'appui pour soulever le morceau de “marès”.
Règle: instrument long, droit et rectangulaire en bois, métal ou autre matériau dur, généralement de faible épaisseur, utilisée pour tracer des lignes droites en faisant passer un crayon le long du bord. 
Moulin: engin en bois avec des cordes qui servait à soulever des morceaux de “marès” de la carrière à la charrette. Il était constitué d'un tronc de figuier monté sur deux supports formés par des morceaux de “marès” de moindre qualité, avec une roue munie de six bâtons d'olivier sauvage qui permettait de le tourner pour enrouler la corde ou le cordage où était suspendue la pièce à remonter.
Scie à découper ou scie longue: longue scie actionnée par deux hommes à chaque extrémité. Elle est parfois montée au centre d'un cadre quadrangulaire  ou bien il s’agit simplement d’une lame en acier avec un manche à chaque extrémité. Elle était utilisée pour scier des morceaux de “marès” et, par exemple, pour  fendre un morceau de “gruix d’emperador” (30 cm) en deux de “gruix ordinari” (15cm) et obtenir ainsi une demi-charge. Au fil du temps, la scie longue a été remplacée ou a coexisté avec les scies mécaniques qui effectuaient ce travail plus rapidement et plus efficacement.

Mécanisation 

Scie rotative ou à disque : machine qui effectuait les coupes pour extraire les morceaux. Elle est constituée de deux disques, l'un qui coupe par le bas et l'autre qui coupe les morceaux sur le côté. Plus tard, le disque denté a été incorporé, ce qui a facilité la coupe avec des pointes widia (abréviation de “wie diamont”, «comme le diamant», c'est-à-dire du carbure de wolfram ou tungstène). Au fil du temps, les modèles à disques dentés avec pointes de diamant, chaînes dentées, fil de diamant, etc. ont été perfectionnés.

Formes d'organisation sociale / organisations formelles ou informelles
Au Moyen Âge et à l'époque moderne, les tailleurs de pierre étaient organisés en corporations. L'évolution socio-économique du métier a voulu, au fil du temps, qu'ils s'émancipent des maçons (ils appartenaient au même corps de métier au départ) et que leur importance conduise à la division de la corporation de Palma et à la constitution de corporations locales, dans différentes communes, dont celle de Llucmajor.
Au cours du XXe siècle, les tailleurs de pierre se sont regroupés en associations et coopératives à caractère prolétaire, étant les protagonistes d'un mouvement ouvrier croissant et fort dans les agglomérations du Pla de Sant Jordi, où ils étaient majoritaires. En effet, les tailleurs de pierre se considéraient alors comme des ouvriers face à la réalité agraire qui les entourait, en particulier les femmes qui travaillaient dans les carrières, qui prônaient des valeurs liées aux mouvements de gauche de l'époque et qui se distinguaient comme l'avant-garde de la femme émancipée et entreprenante dans un monde d'hommes.
En règle générale, il n'y avait pas de famille au Pla de Sant Jordi qui n'avait pas au moins à son actif un membre qui travaillait dans la carrière. Hommes, femmes et enfants travaillaient tous dans la carrière. Tout le monde exerçait le métier et c'était la manière de procéder pour transmettre la profession d'une génération à l'autre.

Patrimoine lié (patrimoine naturel / biens meubles / biens immeubles / biens immatériels associés)

Utilisation et fonction
Extraction de blocs de marès
Précisions d'emploi et fonction
À Majorque, on appelle "cantó de marès" la pierre de "marès" taillée en forme de parallélépipède qui est utilisée pour construire des bâtiments.  Elle peut aussi être dénommée pièce ou pierre de taille, qui conserve les mesures de 80 x40 cm, mais varie en épaisseur.
Participants/ exécutants (interprètes)
Hommes et femmes de tous âges, célibataires, mariés, enfants… 
Les enfants avaient une petite masse pour apprendre le métier.
Les femmes faisaient toutes sortes de tâches, mais elles se consacraient toujours à la gestion du moulin.

Sauvegarde

Transmission
Généralement de père en fils. Dans le cas des femmes, certains disent que le professeur était leur mari.
Viabilité / risques
Changement du mode d'extraction traditionnel en raison de la mécanisation.
Mais surtout, utilisation de nouveaux matériaux dans la construction. Aujourd'hui, le “marès” est uniquement utilisé dans les travaux de restauration et la fabrication de pièces ornementales. On ne construit plus entièrement avec du “marès”.
Évaluation de l'individu / groupe / communauté
La plupart des personnes interrogées considèrent qu'il est impossible de récupérer la profession de tailleur de pierre manuel de carrières, telle qu’on la connaît. En effet, selon eux, elle est incompatible avec la mécanisation du secteur, et au un marché tel qu’il est aujourd’hui (surtout des graviers), et avec d’autres activités économiques qui ont eu un impact sur le Pla de Sant Jordi, comme c’est le cas du tourisme. 
En revanche, ils souhaitent conserver la mémoire de la profession et veulent que cette mémoire soit liée au paysage. En effet, il existe encore des vestiges de carrières sur tout le territoire qui constituent des traces indélébiles évoquant le métier de tailleur de pierre.

Mesures de sauvegarde prises par le groupe / la communauté
A ses Cadènes, le métier a été reconnu à partir de la dénomination d'une place et l'installation d'une plaque commémorant les femmes travaillant dans les carrières, en août 2018. Cette commune a également repris la tradition du “marès” dans les festivités. La façon de déplacer les morceaux de “marès” a donné naissance à des courses où l’on fait “danser” le morceau de pierre d'un point à un autre. Même si ces compétitions existaient déjà depuis un certain temps, la genèse des festivités actuelles est une initiative de la fin des années 1980.
Un tailleur de pierre à la retraite, Francisco Vich, a créé un musée privé. Il a rassemblé des outils et des documents sur ce métier, permettant de créer un musée public à ses Cadenes. 
Le club du troisième âge de ses Cadenes s'appelle “Els trencadors”.
Des discours des fêtes de San Cristóbal de s’Arenal ont également été publiés, abordant le thème de la taille de pierre manuelle à partir de différents points de vue.

Protection juridico-administrative / reconnaissance patrimoniale
Il n'y a aucune carrière protégée par les Normes subsidiaires de la Mairie de Palma. Les carrières sont situées dans les zones ANEI, AIA intensive et SRG (Pla Territorial de Mallorca).
Autres mesures de sauvegarde / promotion / diffusion

Ressources documentaires

La Huerta de Levante en Palma de Mallorca
Històries de la Platja de Palma: Els trencadors de marés de S'Arenal
El teixit associatiu en una vila preindustrial: els trencadors de pedra, una elit emergent i autònoma [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
Construir en marès
Diccionari de l’art i dels oficis de la construcció
El Marès. El material, su origen, historia, propiedades, canteras y calidades disponibles actualmente.
Habitatges tradicionals : característiques arquitectòniques, tipològiques i constructives dels habitatges en sòl rústic a Mallorca
Historia de Llucmajor (volumen 3)
La revolta dels trencadors de les Cadenes [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
Las Baleares por la palabra y el grabado. Mallorca, parte general (tomo VI)
Les Illes Balears. Mallorca, el sud i sud-est
Les pedreres de marès. Identitat oblidada del paisatge de Mallorca
Trencadors del segle XIX i XX [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
La població dins l'espai del Pla de Sant Jordi (Mallorca)

Information technique

Date de réalisation
20/10/2020
Actualisations de la fiche
20/10/2020
Enquêteurs
Aina R. Serrano Espases
Personne en charge de la validation
Aina R. Serrano Espases
Personne rédactrice de la fiche
David Albert Vázquez

Interprétation [éthique]

Signification symbolique
L'exploitation des carrières a eu des conséquences à la fois sur le paysage et sur l'homme. L'impact des carrières sur le paysage est évident. En plus de laisser son empreinte dans la mémoire collective, elle a engendré un paysage désordonné, constitué d'exploitations, dont certaines sont encore actives, mais dont la plupart sont abandonnées et ressemblent à des jardins sauvages enfoncés entre des murs de “marès”, des trous à moitié remplies d'ordures, des rampes, des plates-formes de chargement et de restes de machines. 
Dicton des tailleurs de pierre: «Vivien amb l’esperança i morien desesperats.» (Ils vivaient avec l’espoir et mourraient dans le désespoir).
Signification socio-économique
Aujourd'hui, certaines carrières sont toujours en activité. La plupart d'entre elles produisent des graviers ou des éclats de pierre pour les constructions et, les autres, abandonnées, servent de décharges. Avec la brique et le béton, le “marès” n'a pas attiré l'attention des constructeurs, mais avec la crise du secteur et le changement climatique, il y aura peut-être un retour aux matériaux traditionnels et le paysage sera considéré comme une valeur d’estime de soi collective. En revanche, la plupart des carrières abandonnées sont recouvertes de buissons, jonchées d'ordures et donnent une image de désolation. Les carrières du littoral semblent s'être adaptées à la côte et beaucoup d'entre elles, récupérées par la mer, sont érodées par le vent, l'eau et le sel.
En matière d'éco-construction et de bioconstruction, qui évoque un habitat durable, on recherche des matériaux traditionnels ayant un impact minimal sur l'environnement et, de cette façon, on favorise des maisons saines et confortables, et le “marès” peut faire partie de ce mode de vie.

Tailleur de pierre manuel.

Identification

Nom propre de l'élément
Autres dénominations
Type d'élément
Tailleur de pierre manuel.
Pedrer/pedrera, pedraire, lapiscida, maresser, cantoner (catalan).
Extraction de pierre

Groupe et/ou communauté
Langue d'expression / variant dialectale
Code
Les tailleurs de pierre manuels prévalaient sur les agriculteurs dans les communes de Sant Francesc (Es Pil·larí), ses Cadenes et s’Arenal. Au début du XXe siècle, Coll d’en Rabassa était également considéré comme un village de tailleurs de pierre.
Catalan/ majorquin
IPCIM-1-001

Brève description
Le travail de tailleur de pierre consiste à fendre et extraire le “marès” (grès) des carrières. Le “marès”, d’un point de vue étymologique, signifie « de la mer ou marin». La formation du “marès” remonte au Tertiaire du Vindobonien (miocène) et au Quaternaire. Cette formation géologique est strictement marine. Il en existe deux sortes: le dénommé “marès” ancien, qui est formé de matériaux sédimentaires d'organismes marins : mollusques, dents de squales, fragments de palourdes, algues, etc., et liés par du carbonate de calcium; et un autre, plus moderne et répandu sur la côte, qui est constitué d'une molasse quaternaire de formation marine à grain plus grossier, provenant de l'influence marine (formation de plages ou de dunes).
Le “marès” du Pla de Sant Jordi est de couleur variable, soit blanchâtre soit dans des tons rappelant le raisin sec. En règle générale, il peut être à grain fin ou à grain grossier. Il arrive parfois que certains fossiles soient visibles à la surface.
Les carrières de “marès” se trouvent à proximité de la mer ou à l'intérieur des terres, ces dernières étant des carrières à ciel ouvert, soit en pente et en plaine, soit souterraines. Miquel Fullana décrit le “marès”, de la manière suivante dans son dictionnaire : «pierre de bonne facture, abondante aux Baléares, qui est extraite de dépôts de sables marins consolidés du Quaternaire, et utilisée dans la construction de bâtiments».
Il convient d’indiquer que le “marès” est utilisé dans le secteur de la construction, et ne se limite pas seulement à l'architecture traditionnelle, mais également à des chantiers civils et religieux de grande envergure, comme par exemple la cathédrale de Palma, La Lonja, etc.

Emplacement

Emplacement
Description de l'emplacement / espace
Géoréférencement
Mallorca, Palma, Pla de Sant Jordi
Le Pla de Sant Jordi possède des carrières de “marès”, tant à l’intérieur des terres ─ la hacienda de Son Sunyer ou les carrières de Son Gual─ que le long de la côte ─de Coll d’en Rabassa jusqu’à Cala Blava (commune de Llucmajor) ─, dessinant un paysage caractéristique portant la trace des anciennes exploitations, des restes de quais artificiels, etc.

Datation

Date de réalisation
Périodicité
Description de la date de réalisation / périodicité
Tout au long de l'année
Continue
Le Pla de Sant Jordi possède des carrières de “marès”, tant à l’intérieur des terres ─ la hacienda de Son Sunyer ou les carrières de Son Gual─ que le long de la côte ─de Coll d’en Rabassa jusqu’à Cala Blava (commune de Llucmajor) ─, dessinant un paysage caractéristique portant la trace des anciennes exploitations, des restes de quais artificiels, etc.

Description

Description générale
La première étape consistait à trouver un endroit où établir la carrière de pierre. En général, ils recherchaient des “marès” de qualité, dont la veine naturelle était formée par le “marès de llivanya” (lauze). Le tailleur de pierre vidait la carrière “en rost”, en pente, de manière échelonnée, ou il le faisait “en pica”, en commençant à faire un grand puits, s'il exploitait une carrière en plaine. Le tailleur de pierre suivait les fentes et essayait d'éviter les couches d'argile. Parfois, après avoir enlevé une couche d'argile, il tombait sur un segment fort appelé “blau” (de par sa couleur). Les tailleurs de pierre affirmaient que si une section meuble se trouvait sous une couche dure, c’était signe que la carrière était de mauvaise qualité.
Dans certaines carrières, on pouvait trouver jusqu'à trois sortes de “marès”. Il y a d’abord un rocher de surface (pierre morte d'une dureté argileuse), suivi d’une couche de  “blau” et pour finir de l’argile. Selon des sources orales, à Son Sunyer, il y avait de nombreuses portions allant jusqu'à vingt mètres avec trois types de “marès”. Par ailleurs, il est fréquent d’entendre dire qu’un sol noir dégageant une odeur de gaz, est synonyme de "marès" d’excellente en qualité en sous-sol.
Après avoir déterminé le bon endroit pour extraire la pierre, le tailleur de pierre louait l’endroit au propriétaire du terrain. Selon Rosselló Verger, lorsque le terrain était loué, le droit d'exploiter les quatre côtés du terrain délimité était accordé. Dans les années 1940, un tailleur de pierre gagnait environ 45 pesetas par semaine et le coût de location d'une carrière se situait entre 10 et 15 pesetas par semaine, soit environ 40 à 60 pesetas par mois. De plus, il fallait obtenir un permis des Mines, ce qui impliquait de verser une contribution pour l'exploitation, indépendamment du fait que le terrain appartienne au tailleur de pierre ou qu’il soit loué. Ensuite, le tailleur de pierre dégageait la future carrière. A l'aide d'une houe et d’une pelle, il enlevait les arbustes, les mauvaises herbes… il coupait aussi les pins et enlevait les pierres. Si les pierres étaient de grande taille, il les déplaçait à l'aide d’un levier ou les pulvérisait avec une massue. Parfois, il les perçait avec une vrille et introduisait une demi-cartouche ou une cartouche entière de dynamite et les faisait éclater.
Le tailleur de pierre cherchait le “bessó” (le meilleur endroit pour extraire la pierre), en suivant le fil, c’est à dire, la direction des plans de sédimentation. Pour effectuer ce travail, le tailleur de pierre utilisait la “escoda” (masse), pour enlever les “pells”, qui sont les premières couches de “marès”. Il piquait en suivant la pente des fissures. Le nom d’escoda varie selon les régions : “escoda murera”, “escora alcudienca” … Au Pla de Sant Jordi on utilisait l’“escoda llucmajorenca”, en forme de T.
Avec cet outil, le tailleur de pierre fendait le “marès” en creusant des galeries, assez épaisses, et avançait un pied devant l’autre. Creuser des galeries était le premier travail à apprendre pour maîtriser ce métier. Les galeries sont divisées en galeries longues ("llarguers"), qui consistent en une ligne droite, où le "marès est fracturé, et en galeries courtes (“capcers”), qui ont pour but de séparer les pièces. Ils faisaient ensuite les “tasconeres”, ce sont les galeries de dessous (la mouchette), assez épaisses, où étaient situées les deux “llaunes” (longues barres de fer plates), qui servaient à faire pression pour pouvoir extraire la pièce de “marès” entière. Elles étaient placées les unes sur les autres avec trois ou quatre cales en fer. Le tailleur de pierre frappait sur les cales, l’une après l’autre, à l’aide d’un maillet. Pour ce faire, il se mettait debout sur la pièce qu’il souhaitait extraire. Le tailleur de pierre écoutait et sentait les vibrations en frappant, si cela sonnait creux ou si cela «chantait»; en fonction de la vibration qu’il sentait dans les jambes, il savait où il devait frapper plus fort ou moins fort. De cette façon, le tailleur de pierre percevait, à l’aide du son, le défaut du “marès”. S’il «chantait» c’est qu’il était de bonne qualité, s’il sonnait creux, cela signifiait que l’intérieur était creux et qu’il se briserait facilement. Selon ce procédé, il frappait sans cesse point par point jusqu'à ce que le morceau casse. Pour extraire la pierre, il utilisait une tige ou un levier sous forme de longue barre de fer. Il arrangeait ensuite la pierre à l’aide du labrys (une sorte de double hache), pour lui donner une forme. 
Dans les années 1920, la scie à onglet ou la scie longue était déjà utilisée pour scier des pièces de “marès” et obtenir ainsi toutes les épaisseurs. Mais la scie à onglet n'a pas été supplantée par les scies mécaniques dans les années 1930. En effet, les deux outils coexistaient et étaient régulièrement utilisés.
Les outils des tailleurs de pierre étaient fréquemment affutés. Francisco Vich indique qu'en 1950, les forgerons réparaient environ trois cents outils de tailleur de pierre par jour. Ils changeaient les bandages de fer, c’est à dire les pointes ou les tranchants en fer qui étaient soudés aux extrémités pour leur donner plus de consistance et pour faire face à l’usure.
Pour prendre les mesures, ils utilisaient une règle, sous forme de barre en bois graduée avec des mesures, pour mesurer la pierre à l’aide d’un crayon. Habituellement, la pièce mesurait 40 x 80 cm, mais l'épaisseur était variable et pouvait être de 6, 10, 20, 25, 30 cm… Les morceaux avaient des noms différents en fonction de l’épaisseur “gruix de rei” (25 cm.), “gruix d’emperador” (30 cm) … Le “marès”, était compté et vendu par charretées (voir paragraphe dimensions du “marès”). 
Pour terminer, le tailleur de pierre soulevait la pièce à la main “a braó” (à la force du poignet) et la transportait en la faisant tourner sur elle-même, selon une technique qui utilise la force de torsion pour la déplacer (appelée “fer ballar el marès” /Faire danser le grès). Au cours de ce processus, si le “marès” était de mauvaise qualité, les bords de la pièce se détachaient.
Le tailleur de pierre transportait la pièce au moulin. Le moulin, en guise de monte-charge, était constitué d'un tronc de figuier épais et rond (relativement léger), avec six bâtons insérés, généralement d'olivier sauvage. Cet engin invention était placé sur des pièces superposées de “marès” (désigné sous le nom de “currunes”). Fullana, dans son dictionnaire, décrit cette invention comme «nom que les tailleurs de pierre ou briseurs de marès donnent au tour qu’ils utilisent pour monter les pièces ou les pierres en haut de la carrière; il s’agit d’un cylindre en bois, monté horizontalement sur deux supports, avec une roue à six rouages à une extrémité, semblable à celle d'un moulin à vent, avec lequel il fait des tours pour enrouler le cordage ou la corde à laquelle est suspendue la pièce à remonter». C'est-à-dire que le treuil tournait à l'aide de bâtons et la corde s’enroulait autour du tronc. Au bout de la corde, il y avait un crochet avec deux chaînes pour maintenir la pièce et la transporter jusqu’au chariot. La coutume voulait que les femmes fassent tourner le moulin et qu'elles chantent en même temps.
Dans les années 50, la mécanisation a entraîné l'utilisation de la scie à disque  et la fin progressive de l'exploitation manuelle des carrières [les derniers tailleurs de pierre manuels (qui travaillent " à la dure ") du Pla de Sant Jordi furent Francisco Vich et Martí Salvà, qui ont travaillé une dernière fois manuellement en raison d'une commande de pièces aux dimensions spécifiques]. Il faut signaler que le tailleur de pierre qui travaillait “ à la dure ” pouvait extraire une dizaine de pièces par jour. Alors que la mécanisation a permis d’obtenir une pièce toutes les 45 secondes.
La scie rotative permet de faire de longs tracés droits et les carrières sont donc plus larges et plus rectangulaires. L'exploitation se fait horizontalement plutôt que verticalement. La scie à disque rotule la pierre de carrière. Alimentée par l'électricité ou des moteurs à combustion, cet engin se déplace sur des rails avec des scies à disque. La vitesse de coupe augmente et facilite le travail. Les pièces taillées ont une taille standard de 80 x 40 x 40 cm. La machine trace une bande perpendiculaire et fait ensuite tourner l'axe d'une des scies qui coupe afin de séparer la pièce. Mais il faut dire que l'utilisation de la scie rotative a aussi l'inconvénient de ne pas pouvoir être utilisée dans des carrières de dureté inégale ou entrecroisées et, de ce fait, la quantité prévaut sur la qualité, car la mécanisation ne fait pas la distinction entre le bon et le mauvais “marès”; les machines sectionnent et extraient tout ce qu’elles trouvent, et le résultat dépend des caractéristiques de la strate exploitée à ce moment-là. Il n'est pas étonnant que parfois les pierres de taille découpées à la machine présentent des lignes de facture.
Cette surexploitation a entraîné, dans les années 50, la réapparition de l'exportation avec des expéditions vers Valencia et Séville, à laquelle s’est greffée l'euphorie de la construction due au tourisme. Dans les années 70, à partir de la crise du pétrole, il y a aussi eu une période de réhabilitation des constructions populaires qui ont nécessité du “marès”. Dans les carrières mécanisées, le tailleur soulève les pièces avec une fourche en forme de U. La scie à onglet ou la scie mécanique est encore utilisée pour couper la pièce en respectant les critères des différentes épaisseurs. 
La carrière était exploitée jusqu'au niveau de l'aquifère ou de l'eau phréatique. Certains tailleurs de pierre affirmaient avoir creusé jusqu'à 80 empans (environ 16 mètres) sans trouver d'eau, bien que dans la région d’Es Carnatge, l'eau apparaissait à 15-20 empans (4 mètres). Lorsqu'il devenait plus difficile de remonter les pièces à la surface, il s’avérait nécessaire d’abandonner la carrière. 
Les restes des découpes étaient utilisés pour produire des gravats ou des éclats de pierre (“picadís”), qui, avec le temps, a donné naissance à une autre industrie. Les gravats étaient nettoyés avec un “belitre” (cadre quadrangulaire avec des tiges parallèles formant une grille), et mélangés avec du ciment, du gravier ou du sable. Par la suite, les gravats étaient produits par une machine qui broyait tout.
Les vêtements du tailleur de pierre se composaient d'un pantalon et d'espadrilles. En été, le tailleur de pierre travaillait en pantalon court et sans chemise. Les femmes portaient des culottes sous leurs jupes pour éviter de se blesser avec les petits morceaux de "marès" qui éclataient sous les coups.
Le tailleur de pierre travaillait du lever au coucher du soleil et vivait souvent dans des baraques construites avec des morceaux de marès inégaux et mis au rebus, des poutres en bois et une toiture en “llivanya” (lézardée). Le tailleur de pierre vivait seul ou avec un compagnon, puisqu'il n'était pas coutume de loger la famille dans les baraques. Ils dormaient sur des lits en buis et le mobilier était composé d’une chaise, d’une table en “marès”, de marmites, d'une cruche pour recueillir l'eau et d'une lampe à huile ou au carbure, qu'ils utilisaient également pour éclairer leur travail au crépuscule ou à l'aube.
Il est habituel de trouver des arbres fruitiers à l'intérieur des carrières, tels que des figuiers, des orangers et des citronniers. Les tailleurs de pierre les ont certainement plantés pour s’alimenter pendant la journée. De plus, les tailleurs de pierre pêchaient sur la côte et chassaient à l'intérieur des terres : grives, lapins et hérissons.
Les tailleurs de pierre qui vivaient dans les baraques venaient de loin, mais ce n’était pas le cas de ceux qui vivaient au Pla de Sant Jordi, qui se rendaient à la carrière en vélo depuis leur domicile. Ils vivaient dans les villages du Coll d’En Rabassa, es Pil·larí (Sant Francesc), ses Cadenes ou s’Arenal.
Les enfants travaillaient également dans les carrières. Ils creusaient les galeries à l’aide d’une petite masse. C'était le premier travail qu'ils apprenaient. Ils avaient aussi pour habitude de ramasser les gravats avec une houe pour les mettre dans un cabas en sparte.

Anecdotes
Parfois, le déjeuner était divisé en sections à l'intérieur de la carrière, de sorte que le tailleur avançait avec un objectif, phase par phase, pour atteindre la nourriture. 
Un grand nombre de tailleurs de pierre qui revenaient de ses Cadenes en empruntant la Carretera Militar en passant par s’Aranjassa, sur le chemin de Sant Jordi, s'arrêtaient dans un café où ils jouaient leur salaire journalier aux cartes et perdaient le salaire de toute la semaine.

Dimensions du "marès"
Il est important de tenir compte des dimensions des pièces de “marès” et du nom qu'elles avaient en fonction de leur épaisseur, ainsi que du nombre de pièces qui composaient une charretée (quantité de pièces qui pouvait être chargée sur un chariot ; mais dans le cas du "marès", la charretée fait référence au nombre de pièces qui étaient chargées sur le traineau de troncs d'olivier sauvage qui était utilisé pour déplacer les pièces de la carrière vers le bateau. Lorsque le chariot était utilisé comme moyen de chargement habituel, il convient de préciser qu’il transportait l'équivalent de quatre charretées.
Miquel Ballester, grâce aux sources documentaires, récupère les anciennes mesures en empans (1 “pam de cana” équivaut à 19,55 cm), alors que la tradition orale nous indique déjà la largeur en centimètres, bien que la nomenclature pour chacune des pièces ait été conservée.
Le “teulader”, dont l’épaisseur était de ¾ de “quart de pam” (empan) (3,66 cm).
La “llivanya”, dont l’épaisseur était de 1 “quart de pam” (4,88 cm), 5 cm selon la tradition orale. Huit pièces constituaient une charretée.
La “mitja pedra”, dont l’épaisseur était de 1 “quart i mig” (7,33 cm), 7 cm selon la tradition orale. Huit pièces constituaient une charretée.
Le “tresperdós”, dont l’épaisseur était de ½ “pam” (9,77 cm), 10 cm selon la tradition orale. Six pièces constituaient une charretée.
L’“ordinari”, dont l’épaisseur était de 3 “quarts” (14,66 cm), 15 cm selon la tradition orale. Quatre pièces constituaient une charretée.
De “pam ou vint”, dont l’épaisseur était de  1 “pam” (19,55 cm), 20 cm selon la tradition orale. Trois pièces et demie constituaient une charretée.
De “rei”, dont l’épaisseur était de 5 “pams” (24,40 cm), 25 cm selon la tradition orale. Deux pièces et demie constituaient une charretée.
De “emperador”, dont l’épaisseur était de “pam i mig” (29,31 cm), 30 cm selon la tradition orale. Deux pièces et demie constituaient une charretée.
A Llucmajor, des pièces de 40 et 50 cm d'épaisseur étaient extraites. Elles étaient dénommées “llit ample”.

Histoire et transformations de l'élément
Matière première
Processus et préparatifs
L'extraction de “marès” à Majorque remonte à la préhistoire, même si la façon dont il était utilisé n'a pas modifié l'aspect du terrain et n'a donc pas laissé de traces indiquant où se trouvaient les gisements. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, des exploitations romaines, qui ont laissé des traces reconnaissables.
Au XIVe siècle, les carrières étaient des biens communaux. La carrière de Son Verí (Llucmajor) est déjà documentée, grâce à un contrat de location, en 1347. On trouve également de nombreuses références à des carrières sur le littoral à partir du XVe siècle. Il semblerait que les organisations corporatives de 1405, qui incluaient le métier de maçon, comprenaient déjà le  métier de tailleur de pierre. En 1364, il est fait mention de l'organisation de ce corps de métier, lorsqu'il s’établit dans la chapelle des Quatre Martyrs Couronnés de l'église de Santa Eulalia de Palma (Severo, Severiano, Carpóforo et Victorino). Au début du XVIe siècle, avec les Germanies, les attaques turques et la peste, les tailleurs de pierre, poussés par un éventuel essor de la construction, et conjointement avec les maçons, demandèrent avec succès leur ancienne maison pour accueillir leurs saints patrons, parmi lesquels se trouvait la Virgen de la Leche. Au cours de ce siècle, la pauvreté de ce corps de métier se reflète, et les ordonnancements de l'époque ressemblent plus à un instrument fiscal qu'à une réglementation du travail et de l'organisation: des quotas sur les pierres vendues sont établis, le monopole sur la vente de la pierre pour les maîtres, les impositions aux étrangers pour pouvoir travailler à Majorque, etc. De l'année 1568, grâce à l'historien Font Obrador, nous connaissons les noms de certains responsables du corps de métier des tailleurs de pierre-maçons: Matías Nicolau, Bartolomé Tomàs Argenter et Jaume Noguera. Durant cette période, le centralisme de Palma s'accentue, ce qui entraîne un mouvement autonome de maçons à Llucmajor et Porreres en 1604. A s’Arenal de Llucmajor, il y avait une section autonome de tailleurs de pierre dont l’emblème était le labrys, un des outils qu'ils utilisaient. Cette ségrégation du corps de métier de Palma correspondait vraisemblablement à une forte demande de travail. En 1663, la ségrégation des maçons de Llucmajor s’est produite, et ils ont constitué leur propre corporation.  
Dans ces ordonnancements, les tailleurs de pierre établissent définitivement le culte de la Virgen de la Leche (qui sera nommée patronne de s'Arenal au XIXe siècle ─ importance de la tradition ─), bien que les Quatre Martyrs Couronnés continueront d'être leurs patrons. Les ordonnancements établissent également la liberté de travailler partout à Majorque, en facilitant le travail à d'autres tailleurs de pierre étrangers de Llucmajor; en contrôlant l'embauche, etc.  Le jour de l'assemblée annuelle est fixé au dimanche suivant la San Lorenzo (10 août). En 1722, les corporations de Palma se séparent définitivement.
Avec le temps, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le travail de la pierre s'est intensifié et a formé l'un des groupes les plus homogènes du mouvement ouvrier majorquin. L'amélioration de la route de s'Algar, qui reliait Llucmajor à s'Arenal, a facilité l'arrivée des habitants de cette municipalité.
En 1905, de nombreux tailleurs de pierre s’installent à Son Sunyer (le plus grand domaine de Palma) et commencent à exploiter des carrières que les spécialistes définissent comme étant de bonne qualité. En 1920, l'épuisement des carrières du Coll d’en Rabassa fait que de nombreux autres tailleurs de pierre s’installent sur les terres de Son Sunyer.
Peu de temps après, l'arrivée du chemin de fer, en 1916, a massivement contribué à l'essor de l'industrie. Un grand nombre de personnes de Llucmajor sont parties travailler au Pla de Sant Jordi. Les anciennes baraques de tailleurs de pierre de la fin du XIXe siècle ont été remplacées par des maisons. C'est ainsi que sont nés les villages de s’Arenal (Llucmajor), es Pil·larí (Sant Francesc) et ses Cadenes. Lors du recensement de 1930, il a été établi que la plupart des habitants du Pla de Sant Jordi étaient originaires de Llucmajor, Algaida et Marratxí.
Dans les années 1930, l'exploitation des carrières a été partiellement pré-mécanisée avec l'installation de scies mécaniques, qui coexistaient avec les tresseuses ou les scies longues.
Même si les tailleurs de pierre manuels se trouvaient dans le secteur, ils étaient considérés comme des ouvriers, d'où le lien étroit qui les unissait au mouvement ouvrier, à l'idéologie anticléricale, libertaire et communiste, et qui reflétait une société égalitaire en ce qui concerne les femmes, non seulement dans le monde du travail (elles travaillaient dans les carrières), mais aussi dans le rôle qu’elles avaient dans la société (les femmes se rendaient dans les cafés  pour consommer). Dans le cadre de ce caractère idéologique, il convient de signaler, par exemple, l'inexistence d'une église à ses Cadenes, un centre important de tailleurs de pierre. Ce point montre les différences avec l’agriculteur, qui était sous la tutelle d'un seigneur et lié à une société plus traditionnelle. Vers 1927, les tailleurs de pierre forment la coopérative Unión de Canteros pour se battre pour leurs intérêts et contre les abus continus des marchands. L’Unión fixait le prix du “marès” vis-à-vis des marchands et, de plus, aidait le travailleur en fonction de sa productivité; c'est-à-dire que si un tailleur de pierre produisait un nombre inférieur de pièces, il était rémunéré (égalité du travail, production, coûts et salaires). En 1931, la coopérative La "Renovación, Obreros y Canteros y Similares" est organisée. Elle a pour objectifs de réduire la journée de travail et de fournir une éducation et une moralité aux membres. 
Tous ces éléments nous montrent que les tailleurs de pierre, liés aux courants socialiste et communiste, et se situant à gauche et dans la lutte ouvrière, contrastaient avec le conservatisme et la tradition qui émanent de la campagne, même si les agriculteurs ont eux aussi créés des coopératives. Les tailleurs de pierre se sont également associés à la société Cultura Social qui a promu la culture auprès de leurs camarades.
La guerre civile (1936-1939) a fait du secteur une victime active de la répression franquiste, en particulier à ses Cadenes, ce qui a inévitablement affecté l'organisation ouvrière.
L'industrie de la taille de pierre s'est définitivement mécanisée vers 1955, avec l'aide du syndicalisme vertical, qui a paradoxalement récupéré certains statuts de 1935. Même s'il y avait une conscience corporative, il était courant pour le tailleur de pierre d'avoir un autre métier. Il y avait beaucoup d'ouvriers qui travaillaient comme tailleurs de pierre, mais aussi comme agriculteurs, forgerons... ou femmes au foyer. En effet, les femmes faisaient le même travail que les hommes dans les carrières et étaient même chargées de l'une des tâches les plus pénibles: le moulin, où elles déplaçaient la poulie pour remonter à la surface les morceaux de “marès”.
La mécanisation a été favorisée par le tourisme, et des groupes de tailleurs de pierre se sont réunis en sociétés pour acheter des machines pour couper le “marès” (scies rotatives) qui coûtaient environ 2.000 pesetas. D'autres les louaient ou allaient travailler comme journaliers dans ces carrières mécanisées. La tradition orale nous parle de forgerons tels que la famille Rigo, qui perfectionnaient ou fabriquaient leurs propres modèles de scies, équipées de disques à dents widia, qui étaient assez coûteux à remplacer. Il s'agit de l'atelier de Martín et Sebastià Rigo de s’Aranjassa, qui, comme l'atelier de Miquel Tous del Coll d’en Rabassa, se consacrait à la fabrication et à la réparation de ce type de machines.
Dans les années 50, avec Mestre Juan de sa Plaça comme président et Miquel Pruna comme comptable de la Coopérative des Tailleurs de pierre, il a été proposé d'abaisser le prix du “marès” pour faire face aux tailleurs de pierre qui utilisaient des machines et faire pression. Mais la mécanisation est imparable et entraîne une série de changements, tel que l’horaire de travail ou le bruit insupportable des machines. De plus, elle a établi le capitalisme dans le secteur de la taille de pierre, en opposition avec les coopératives d'antan. À tout cela, il faut ajouter l'introduction de nouveaux matériaux de construction, comme la brique.
Lors de l'identification des groupes socio-économiques du Pla de Sant Jordi, et  à partir de l'étude du recensement réalisée par Miquel Grimalt concernant les tailleurs de pierre, il convient de souligner qu'en 1930, les tailleurs de pierre représentaient 1,43 % de la population active totale, un pourcentage minimum par rapport aux agriculteurs qui étaient 89,17%. En 1950, les tailleurs de pierre étaient 5,43%, en 1960 5% puis sont redescendus à 1,69% en 1981. L'extraction de “marès” à Majorque remonte à la préhistoire, même si la façon dont il était utilisé n'a pas modifié l'aspect du terrain et n'a donc pas laissé de traces indiquant où se trouvaient les gisements. Ce qui n’est pas le cas, en revanche, des exploitations romaines, qui ont des traces reconnaissables.
Au XIVe siècle, les carrières étaient des biens communaux. La carrière de Son Verí (Llucmajor) est déjà documentée, grâce à un contrat de location, en 1347. On trouve également de nombreuses références à des carrières sur le littoral à partir du XVe siècle. Il semblerait que les organisations corporatives de 1405, qui incluaient le métier de maçon, comprenaient déjà le  métier de tailleur de pierre. En 1364, il est fait mention de l'organisation de ce corps de métier, lorsqu'il s’établit dans la chapelle des Quatre Martyrs Couronnés de l'église de Santa Eulalia de Palma (Severo, Severiano, Carpóforo et Victorino). Au début du XVIe siècle, avec les Germanies, les attaques turques et la peste, les tailleurs de pierre, poussés par un éventuel essor de la construction, et conjointement avec les maçons, demandèrent avec succès leur ancienne maison pour accueillir leurs saints patrons, parmi lesquels se trouvait la Virgen de la Leche. Au cours de ce siècle, la pauvreté de ce corps de métier se reflète, et les ordonnancements de l'époque ressemblent plus à un instrument fiscal qu'à une réglementation du travail et de l'organisation: des quotas sur les pierres vendues sont établis, le monopole sur la vente de la pierre pour les maîtres, les impositions aux étrangers pour pouvoir travailler à Majorque, etc. De l'année 1568, grâce à l'historien Font Obrador, nous connaissons les noms de certains responsables du corps de métier des tailleurs de pierre-maçons: Matías Nicolau, Bartolomé Tomàs Argenter et Jaume Noguera. Durant cette période, le centralisme de Palma s'accentue, ce qui entraîne un mouvement autonome de maçons à Llucmajor et Porreres en 1604. A s’Arenal de Llucmajor, il y avait une section autonome de tailleurs de pierre dont l’emblème était le labrys, un des outils qu'ils utilisaient. Cette ségrégation du corps de métier de Palma correspondait vraisemblablement à une forte demande de travail. En 1663, la ségrégation des maçons de Llucmajor a eu lieu, et ils ont constitué leur propre corporation.  
Dans ces ordonnancements, les tailleurs de pierre établissent définitivement le culte de la Virgen de la Leche (qui sera nommée patronne de s'Arenal au XIXe siècle ─ importance de la tradition ─), bien que les Quatre Martyrs Couronnés continueront d'être leurs patrons. Les ordonnancements établissent également la liberté de travailler partout à Majorque, en facilitant le travail à d'autres tailleurs de pierre étrangers de Llucmajor; en contrôlant l'embauche, etc. Le jour de l'assemblée annuelle est fixé au dimanche suivant la San Lorenzo (10 août). En 1722, les corporations de Palma se séparent définitivement.
Avec le temps, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le travail de la pierre s'est intensifié et a formé l'un des groupes les plus homogènes du mouvement ouvrier majorquin. L'amélioration de la route de s'Algar, qui reliait Llucmajor à s'Arenal, a facilité l'arrivée des habitants de cette municipalité.
En 1905, de nombreux tailleurs de pierre s’installent à Son Sunyer (le plus grand domaine de Palma) et commencent à exploiter des carrières que les spécialistes définissent comme étant de bonne qualité. En 1920, l'épuisement des carrières du Coll d’en Rabassa fait que de nombreux autres tailleurs de pierre s’installent sur les terres de Son Sunyer.
Peu de temps après, l'arrivée du chemin de fer en 1916 a massivement contribué à l'essor de l'industrie. Un grand nombre de personnes de Llucmajor sont parties travailler au Pla de Sant Jordi. Les anciennes baraques de tailleurs de pierre de la fin du XIXe siècle ont été remplacées par des maisons. C'est ainsi que sont nés les villages de s’Arenal (Llucmajor), es Pil·larí (Sant Francesc) et ses Cadenes. Lors du recensement de 1930, il s’est avéré que la plupart des habitants du Pla de Sant Jordi étaient originaires de Llucmajor, Algaida et Marratxí.
Dans les années 1930, l'exploitation des carrières a été partiellement pré-mécanisée avec l'installation de scies mécaniques, qui coexistaient avec les tresseuses ou les scies longues.
Même si les tailleurs de pierre manuels se trouvaient dans le secteur, ils étaient considérés comme des ouvriers, d'où le lien étroit qui les unissait au mouvement ouvrier, à l'idéologie anticléricale, libertaire et communiste, et qui reflétait une société égalitaire en ce qui concerne les femmes, non seulement dans le monde du travail (elles travaillaient dans les carrières), mais aussi dans le rôle qu’elles jouaient dans la société (les femmes se rendaient dans les cafés  pour consommer). Dans le cadre de ce caractère idéologique, il convient de signaler, par exemple, l'inexistence d'une église à ses Cadenes, un centre important de tailleurs de pierre. Ce point montre les différences avec l’agriculteur, qui était sous la tutelle d'un seigneur et lié à une société plus traditionnelle. Vers 1927, les tailleurs de pierre forment la coopérative Unión de Canteros pour se battre pour leurs intérêts et contre les abus continus des marchands. L’Unión fixait le prix du “marès” vis-à-vis des marchands et, de plus, aidait le travailleur en fonction de sa productivité; c'est-à-dire que si un tailleur de pierre produisait un nombre inférieur de pièces, il était rémunéré (égalité du travail, production, coûts et salaires). En 1931, la coopérative "Renovación, Obreros y Canteros y Similares" est organisée. Elle a pour objectifs de réduire la journée de travail et de fournir une éducation et une moralité aux membres. 
Tous ces éléments nous montrent que les tailleurs de pierre, liés aux courants socialiste et communiste, et se situant à gauche et dans la lutte ouvrière, contrastaient avec le conservatisme et la tradition qui émanent de la campagne, même si les agriculteurs ont eux aussi créés des coopératives. Les tailleurs de pierre se sont également associés à la société Cultura Social qui a promu la culture auprès de leurs camarades.
La guerre civile (1936-1939) a fait du secteur une victime active de la répression franquiste, en particulier à ses Cadenes, ce qui a inévitablement affecté l'organisation ouvrière.
L'industrie de la taille de pierre s'est définitivement mécanisée vers 1955, avec l'aide du syndicalisme vertical, qui a paradoxalement récupéré certains statuts de 1935. Même s'il y avait une conscience corporative, il était courant pour le tailleur de pierre d'avoir un autre métier. Il y avait beaucoup d'ouvriers qui travaillaient comme tailleurs de pierre, mais aussi comme agriculteurs, forgerons... ou femmes au foyer. En effet, les femmes faisaient le même travail que les hommes dans les carrières et étaient même chargées de l'une des tâches les plus pénibles: le moulin, où elles déplaçaient la poulie pour remonter à la surface les morceaux de “marès”.
La mécanisation a été favorisée par le tourisme, et des groupes de tailleurs de pierre se sont réunis en sociétés pour acheter des machines pour couper le “marès” (scies rotatives) qui coûtaient environ 2.000 pesetas. D'autres les louaient ou allaient travailler comme journaliers dans ces carrières mécanisées. La tradition orale nous parle de forgerons tels que la famille Rigo, qui perfectionnaient ou fabriquaient leurs propres modèles de scies, équipées de disques à dents widia, qui étaient assez coûteux à remplacer. Il s'agit de l'atelier de Martín et Sebastià Rigo de s’Aranjassa, qui, comme l'atelier de Miquel Tous del Coll d’en Rabassa, se consacrait à la fabrication et à la réparation de ce type de machines.
Dans les années 50, avec Mestre Juan de sa Plaça comme président et Miquel Pruna comme comptable de la Coopérative des Tailleurs de pierre, il a été proposé d'abaisser le prix du “marès” face aux tailleurs de pierre qui utilisaient des machines comme mesure de pression. Mais la mécanisation est imparable et entraîne une série de changements, tel que l’horaire de travail ou le bruit insupportable des machines. De plus, elle a établi le capitalisme dans le secteur de la taille de pierre, en opposition avec les coopératives d'antan. À tout cela, il faut ajouter l'introduction de nouveaux matériaux de construction, comme la brique.
Lors de l'identification des groupes socio-économiques du Pla de Sant Jordi, et  à partir de l'étude du recensement réalisée par Miquel Grimalt concernant les tailleurs de pierre, il convient de souligner qu'en 1930, les tailleurs de pierre représentaient 1,43 % de la population active totale, un pourcentage minimum par rapport aux agriculteurs qui étaient 89,17%. En 1950, les tailleurs de pierre étaient 5,43%, 5% en 1960, puis ils sont redescendus à 1,69% en 1981, ce qui correspond au changement de modèle économique avec l’augmentation démesurée du secteur III (services-tourisme) qui représentait 56% de la population active totale, par rapport au 28% du secteur I, qui était de l’ordre de 67% de la population active en 1960 et de 92% de la population active du Pla de Sant Jordi en 1930.
Ces données doivent être étudiées avec prudence. En effet, de nombreux tailleurs de pierre étaient agriculteurs à temps partiel et, elles désignent peut-être simplement comme tailleurs de pierre ceux qui vivaient dans les agglomérations. De plus, Grimalt s'occupe spécifiquement du Pla de Sant Jordi, à l'exception de s’Arenal, et il le consulte par sections, ce qui contraste avec les environs, face à l’extension dominante des agriculteurs. Selon les experts, cela n'enlève rien à l'importance des tailleurs de pierre comme groupe. De plus, il faut garder à l'esprit que le secteur II comptait de nombreux maçons qui pourraient peut-être être inclus dans l'analyse.
L'évolution des secteurs socio-économiques marque, d'une certaine manière, les profonds changements que le Pla de Sant Jordi a connus au cours des en termes de relations humaines et professionnelles. dernières décennies
Pierre, Marès
1. Trouver le bon terrain pour établir la carrière. Accord avec le propriétaire et paiement d'une redevance hebdomadaire ou mensuelle.
2. Enlever les arbres, les herbes et les pierres.
3. Enlever les “pells” (premières couches de “marès”) avec la masse.
4. Creuser des galeries longues (“llarguers”) et des galeries courtes (“capcers”) sur le “marès” avec la masse.
5. Placer des “llaunes” et des cales, et frapper jusqu'à fendre la pièce.
6. Extraire le morceau à l’aide d’une barre ou à la force du poignet.
7. Prendre des mesures avec une règle.
8. Arranger ou façonner le morceau avec un labrys.
9. Déplacer ou "faire danser" le morceau jusqu’au moulin.
10. Soulever le morceau avec le moulin jusqu'à la surface et le charger sur la charrette.

Objectif de l'activité / procès / technique
Distribution / consommation
Métier / connaissances techniques
Blocs de marès
Les morceaux de “marès” qui étaient extraits de la carrière étaient transportés par des charretiers, principalement du Coll d’en Rebassa, es Pil·larí, ses Cadenes et s’Arenal. Ils les livraient aux marchands qui avaient commandé les pièces et qui étaient chargés de les vendre ; ou bien elles étaient déposées à la gare de s’Arenal, où elles étaient chargées dans le train pour être transportées à leur destination. Un des marchands, Magí Meco, installa à ses Cadenes un chargeur de “marès” relié au chemin de fer pour faciliter le transport jusqu’à Palma. 
Miquel Ballester explique qu'avant cette révolution des transports, il était courant d'utiliser le "marès" des carrières les plus proches. En effet, il était difficile de transporter le “marès” sur de longs trajets, soit à cause du mauvais état des routes, soit à cause des caractéristiques rudimentaires des chariots. Cela a changé avec l'introduction du chariot à roues à rayons (début du XIXe siècle), qui a considérablement amélioré le transport des pièces. Il est vrai que jusqu'alors, il était fréquent d'utiliser des bateaux et des "faluchos" (embarcations) pour le transport. C’est pourquoi on trouve des ruines de quais très près des carrières du littoral (par exemple, es Carnatge). Les morceaux de “marès” étaient descendus jusqu’à la mer à l’aide de bars que l'on déplaçait sur des “devalladors” (couloirs de “marès” avec gouttière) ou en utilisant une sorte de traîneau fait de troncs d'olivier sauvage, tiré par un âne le long de chemins de dalles de “marès” (de là que provient le nombre de pièces qui composent une charretée et qui varie en fonction de l’épaisseur des pièces). Les pièces pouvaient également être chargées sur des allèges, qui naviguaient jusqu'à Palm. L'archiduc, Luis Salvador, parle de l'utilisation de felouques pour transporter ces pièces, qui étaient déchargées au pied de la muraille de Palma, puis distribuées sur les différents chantiers.
Le "marès" était utilisé pour la construction : maisons, moulins, entrepôts... et aussi, dans le passé, pour des travaux civils et religieux, tant publics que privés (par exemple, la cathédrale). À la fin du XIXe siècle, les constructeurs de Palma, selon l'archiduc Luis Salvador, utilisaient le “marès” du Coll d’en Rabassa. Les morceaux de "marès" extraits de la carrière étaient transportés par des charretiers, principalement du Coll d’en Rebassa, es Pil·larí, ses Cadenes et s’Arenal. Ils les livraient aux marchands qui avaient commandé les pièces et qui s’occupaient de les vendre ; ou bien elles étaient déposées à la gare de s’Arenal, où elles étaient chargées dans le train pour être transportées à leur destination. Un des marchands, Magí Meco, installa à ses Cadenes un chargeur de “marès” relié au chemin de fer pour faciliter le transport jusqu’à Palma. 
Miquel Ballester explique qu'avant cette révolution des transports, il était courant d'utiliser le "marès" des carrières les plus proches. En effet, il était difficile de transporter le “marès” sur de longs trajets, soit à cause du mauvais état des routes, soit à cause des caractéristiques rudimentaires des chariots. Cela a changé avec l'introduction du chariot à roues à rayons (début du XIXe siècle), qui a considérablement amélioré le transport des pièces. Il est vrai que jusqu'alors, il était fréquent d'utiliser des bateaux et des "faluchos" (embarcations) pour le transport. C’est pourquoi on trouve des ruines de quais très près des carrières du littoral (par exemple, es Carnatge). Les morceaux de “marès” étaient descendus jusqu’à la mer à l’aide de bars que l'on déplaçait sur des “devalladors” (couloirs de “marès” avec gouttière) ou en utilisant une sorte de traîneau fait de troncs d'olivier sauvage, tiré par un âne le long de chemins de dalles de “marès” (c’est de là que provient le nombre de pièces qui composent une charretée et qui varie en fonction de l’épaisseur des pièces). Les pièces pouvaient également être chargées sur des allèges, qui naviguaient jusqu'à Palm. L'archiduc Luis Salvador parle de l'utilisation de felouques pour transporter ces pièces, qui étaient déchargées au pied de la muraille de Palma, puis distribuées sur les différents chantiers.
Le "marès" était utilisé pour la construction : maisons, moulins, entrepôts... et aussi, dans le passé, pour des travaux civils et religieux, tant publics que privés (par exemple, la cathédrale). À la fin du XIXe siècle, les constructeurs de Palma, selon l'archiduc Luis Salvador, utilisaient le “marès” du Coll d’en Rabassa qui, même s'il avait une structure irrégulière, était très résistant. Cet auteur nous dit également que les constructions réalisées en “marès” étaient recouvertes d'une couche de mortier pour les protéger de l'air de la mer et de l’humidité. Ce procédé était dénommé "embetunar" (cirer). 
Au Pla de Sant Jordi, le “marès” était le matériau de construction le plus courant, caractérisé par sa légèreté et sa résistance. Dans le passé, ils construisaient avec des blocs irréguliers mal découpés, et les pierres de taille ou les pièces régulières étaient utilisées dans les coins, les fenêtres et les portes. Au milieu du XXe siècle, les pièces régulières étaient utilisées dans les constructions les plus modestes. Selon l’épaisseur du morceau de “marès”, il était destiné à des types de constructions différentes. Le “gruix d’emperador” était utilisé pour les pilastres et les éléments de structure, tels que les murs porteurs, de même que le “gruix de rei”. En revanche, les “gruix de pam ou ordinari” étaient utilisés pour construire des murs, et le “gruix de tresperdós” pour construire des cloisons épaisses. La “mitja pedra” et la “llivanya” étaient utilisées pour les voûtes et les solins.
García Inyesta parle des imperfections du “marès” commun: faible porosité, cristallisation et stratification, autant de caractéristiques qui présentent des avantages et des inconvénients lors de son utilisation. Dans les ouvrages de grande envergure, comme la Cathédrale ou La Lonja, il y avait le “picador”, personne chargée de travailler le morceau à utiliser pour la construction, et dont le travail consistait à le transformer pour que tous les côtés de la pièce soient en parfait état, en utilisant la “picoleta”, le burin, le ciseau, le marteau...
Les graviers ou éclats de pierre (“picadís”), est un produit dérivé du “marès”. Il est normalement utilisé, mélangé, pour enduire ou tapisser les murs, les façades, ou pour mettre sous le carrelage à sec, etc. Les tailleurs de pierre fabriquaient également des auges avec du “marès” pour abreuver les animaux.
Le tailleur de pierre suivait les coupes pour trouver un bon “marès”. Par exemple, une surface noire qui dégageait une odeur de gaz, signifiait qu’un "marès" de meilleure qualité se trouvait en dessous.

Outils, infrastructures et objets employés et/ou accessoires
Formes d'organisation sociale / organisations formelles ou informelles
Patrimoine lié (patrimoine naturel / biens meubles / biens immeubles / biens immatériels associés)
Houe: outil à lame triangulaire utilisé pour faire des trous ou déplacer la terre. Le tailleur de pierre l'utilisait généralement pour nettoyer la carrière et ramasser les graviers.
Cabas: panier en palmier ou en sparte, plus large sur la partie supérieure qui servait à contenir et à transporter. Il était utilisé au cours du processus de nettoyage de la carrière et pour ramasser les graviers.
Levier: barre en fer ou en bois utilisée en guise de levier, pour déplacer des pierres volumineuses.
Masse: outil semblable à un gros marteau, avec une pointe sur chacune des têtes du fer, qui servait à fendre la pierre et à creuser les galeries. La forme de l'outil permettait d'avancer dans le sillon, sans faire levier et il n’y avait donc pas de risque à endommager le morceau de pierre. La façon dont il était utilisé obligeait le tailleur de pierre à s’écarter de la verticale dans les coupes, ce qui explique les murs inclinés des carrières artisanales.
“Llauna”: fine feuille de métal ou d’un autre matériau. Ils en utilisaient deux, qu’ils introduisaient dans la galerie “tasconera”, et les cales étaient encastrées entre les deux.
Cales: objets en métal, à la forme triangulaire, utilisés pour ouvrir des corps solides ou pour maintenir un espace étroit entre deux corps. Ils étaient placés entre les deux “llaunes” et on les frappait avec une massue de façon continue afin d'extraire le morceau de “marès”. 
Massue: gros marteau, avec un long manche, qui servait à frapper les cales. Le tailleur de pierre se tenait debout sur la pièce qu’il souhaitait extraire. Grâce aux coups qu’il donnait, il pouvait déterminer la qualité du “marès”. Elle "chantait" si elle était de bonne qualité et sonnait creux si sa qualité était médiocre.
Labrys: large feuille en métal semblable à une hache à double lame avec une coupe qui servait à arranger la pièce de “marès”, c'est-à-dire à lui donner une forme en régularisant les surfaces, afin de confectionner la pierre selon les dimensions requises.
“Manuella” (pique): barre en fer avec un bord tranchant à une ou deux extrémités, qui était utilisée pour creuser dans la pierre pour faire des trous. Elle était également utilisée comme point d'appui pour soulever le morceau de “marès”.
Règle: instrument long, droit et rectangulaire en bois, métal ou autre matériau dur, généralement de faible épaisseur, utilisée pour tracer des lignes droites en faisant passer un crayon le long du bord. 
Moulin: engin en bois avec des cordes qui servait à soulever des morceaux de “marès” de la carrière à la charrette. Il était constitué d'un tronc de figuier monté sur deux supports formés par des morceaux de “marès” de moindre qualité, avec une roue munie de six bâtons d'olivier sauvage qui permettait de le tourner pour enrouler la corde ou le cordage où était suspendue la pièce à remonter.
Scie à découper ou scie longue: longue scie actionnée par deux hommes à chaque extrémité. Elle est parfois montée au centre d'un cadre quadrangulaire  ou bien il s’agit simplement d’une lame en acier avec un manche à chaque extrémité. Elle était utilisée pour scier des morceaux de “marès” et, par exemple, pour  fendre un morceau de “gruix d’emperador” (30 cm) en deux de “gruix ordinari” (15cm) et obtenir ainsi une demi-charge. Au fil du temps, la scie longue a été remplacée ou a coexisté avec les scies mécaniques qui effectuaient ce travail plus rapidement et plus efficacement.

Mécanisation 

Scie rotative ou à disque : machine qui effectuait les coupes pour extraire les morceaux. Elle est constituée de deux disques, l'un qui coupe par le bas et l'autre qui coupe les morceaux sur le côté. Plus tard, le disque denté a été incorporé, ce qui a facilité la coupe avec des pointes widia (abréviation de “wie diamont”, «comme le diamant», c'est-à-dire du carbure de wolfram ou tungstène). Au fil du temps, les modèles à disques dentés avec pointes de diamant, chaînes dentées, fil de diamant, etc. ont été perfectionnés.

Au Moyen Âge et à l'époque moderne, les tailleurs de pierre étaient organisés en corporations. L'évolution socio-économique du métier a voulu, au fil du temps, qu'ils s'émancipent des maçons (ils appartenaient au même corps de métier au départ) et que leur importance conduise à la division de la corporation de Palma et à la constitution de corporations locales, dans différentes communes, dont celle de Llucmajor.
Au cours du XXe siècle, les tailleurs de pierre se sont regroupés en associations et coopératives à caractère prolétaire, étant les protagonistes d'un mouvement ouvrier croissant et fort dans les agglomérations du Pla de Sant Jordi, où ils étaient majoritaires. En effet, les tailleurs de pierre se considéraient alors comme des ouvriers face à la réalité agraire qui les entourait, en particulier les femmes qui travaillaient dans les carrières, qui prônaient des valeurs liées aux mouvements de gauche de l'époque et qui se distinguaient comme l'avant-garde de la femme émancipée et entreprenante dans un monde d'hommes.
En règle générale, il n'y avait pas de famille au Pla de Sant Jordi qui n'avait pas au moins à son actif un membre qui travaillait dans la carrière. Hommes, femmes et enfants travaillaient tous dans la carrière. Tout le monde exerçait le métier et c'était la manière de procéder pour transmettre la profession d'une génération à l'autre.



Utilisation et fonction
Précisions d'emploi et fonction
Participants/ exécutants (interprètes)
Extraction de blocs de marès
À Majorque, on appelle "cantó de marès" la pierre de "marès" taillée en forme de parallélépipède qui est utilisée pour construire des bâtiments.  Elle peut aussi être dénommée pièce ou pierre de taille, qui conserve les mesures de 80 x40 cm, mais varie en épaisseur.
Hommes et femmes de tous âges, célibataires, mariés, enfants… 
Les enfants avaient une petite masse pour apprendre le métier.
Les femmes faisaient toutes sortes de tâches, mais elles se consacraient toujours à la gestion du moulin.

Sauvegarde

Transmission
Viabilité / risques
Évaluation de l'individu / groupe / communauté
Généralement de père en fils. Dans le cas des femmes, certains disent que le professeur était leur mari.
Changement du mode d'extraction traditionnel en raison de la mécanisation.
Mais surtout, utilisation de nouveaux matériaux dans la construction. Aujourd'hui, le “marès” est uniquement utilisé dans les travaux de restauration et la fabrication de pièces ornementales. On ne construit plus entièrement avec du “marès”.
La plupart des personnes interrogées considèrent qu'il est impossible de récupérer la profession de tailleur de pierre manuel de carrières, telle qu’on la connaît. En effet, selon eux, elle est incompatible avec la mécanisation du secteur, et au un marché tel qu’il est aujourd’hui (surtout des graviers), et avec d’autres activités économiques qui ont eu un impact sur le Pla de Sant Jordi, comme c’est le cas du tourisme. 
En revanche, ils souhaitent conserver la mémoire de la profession et veulent que cette mémoire soit liée au paysage. En effet, il existe encore des vestiges de carrières sur tout le territoire qui constituent des traces indélébiles évoquant le métier de tailleur de pierre.


Mesures de sauvegarde prises par le groupe / la communauté
Protection juridico-administrative / reconnaissance patrimoniale
Autres mesures de sauvegarde / promotion / diffusion
A ses Cadènes, le métier a été reconnu à partir de la dénomination d'une place et l'installation d'une plaque commémorant les femmes travaillant dans les carrières, en août 2018. Cette commune a également repris la tradition du “marès” dans les festivités. La façon de déplacer les morceaux de “marès” a donné naissance à des courses où l’on fait “danser” le morceau de pierre d'un point à un autre. Même si ces compétitions existaient déjà depuis un certain temps, la genèse des festivités actuelles est une initiative de la fin des années 1980.
Un tailleur de pierre à la retraite, Francisco Vich, a créé un musée privé. Il a rassemblé des outils et des documents sur ce métier, permettant de créer un musée public à ses Cadenes. 
Le club du troisième âge de ses Cadenes s'appelle “Els trencadors”.
Des discours des fêtes de San Cristóbal de s’Arenal ont également été publiés, abordant le thème de la taille de pierre manuelle à partir de différents points de vue.

Il n'y a aucune carrière protégée par les Normes subsidiaires de la Mairie de Palma. Les carrières sont situées dans les zones ANEI, AIA intensive et SRG (Pla Territorial de Mallorca).

Ressources documentaires

La Huerta de Levante en Palma de Mallorca
Històries de la Platja de Palma: Els trencadors de marés de S'Arenal
El teixit associatiu en una vila preindustrial: els trencadors de pedra, una elit emergent i autònoma [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
 
Construir en marès
Diccionari de l’art i dels oficis de la construcció
El Marès. El material, su origen, historia, propiedades, canteras y calidades disponibles actualmente.
 
Habitatges tradicionals : característiques arquitectòniques, tipològiques i constructives dels habitatges en sòl rústic a Mallorca
Historia de Llucmajor (volumen 3)
La revolta dels trencadors de les Cadenes [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
 
Las Baleares por la palabra y el grabado. Mallorca, parte general (tomo VI)
Les Illes Balears. Mallorca, el sud i sud-est
Les pedreres de marès. Identitat oblidada del paisatge de Mallorca
 
Trencadors del segle XIX i XX [Pregó de les festes de Sant Cristòfol]
La població dins l'espai del Pla de Sant Jordi (Mallorca)

Information technique

Date de réalisation
Actualisations de la fiche
Enquêteurs
20/10/2020
20/10/2020
Aina R. Serrano Espases

Personne en charge de la validation
Personne rédactrice de la fiche
Aina R. Serrano Espases
David Albert Vázquez

Interprétation [éthique]

Signification symbolique
Signification socio-économique
L'exploitation des carrières a eu des conséquences à la fois sur le paysage et sur l'homme. L'impact des carrières sur le paysage est évident. En plus de laisser son empreinte dans la mémoire collective, elle a engendré un paysage désordonné, constitué d'exploitations, dont certaines sont encore actives, mais dont la plupart sont abandonnées et ressemblent à des jardins sauvages enfoncés entre des murs de “marès”, des trous à moitié remplies d'ordures, des rampes, des plates-formes de chargement et de restes de machines. 
Dicton des tailleurs de pierre: «Vivien amb l’esperança i morien desesperats.» (Ils vivaient avec l’espoir et mourraient dans le désespoir).
Aujourd'hui, certaines carrières sont toujours en activité. La plupart d'entre elles produisent des graviers ou des éclats de pierre pour les constructions et, les autres, abandonnées, servent de décharges. Avec la brique et le béton, le “marès” n'a pas attiré l'attention des constructeurs, mais avec la crise du secteur et le changement climatique, il y aura peut-être un retour aux matériaux traditionnels et le paysage sera considéré comme une valeur d’estime de soi collective. En revanche, la plupart des carrières abandonnées sont recouvertes de buissons, jonchées d'ordures et donnent une image de désolation. Les carrières du littoral semblent s'être adaptées à la côte et beaucoup d'entre elles, récupérées par la mer, sont érodées par le vent, l'eau et le sel.
En matière d'éco-construction et de bioconstruction, qui évoque un habitat durable, on recherche des matériaux traditionnels ayant un impact minimal sur l'environnement et, de cette façon, on favorise des maisons saines et confortables, et le “marès” peut faire partie de ce mode de vie.